拍品專文
Jean Fautrier naît à Paris en 1898 mais s’installe rapidement en Angleterre, à la mort de son père, alors qu’il n’est âgé que de de dix ans. Quatre ans plus tard, il commence à étudier à la Royal Academy de Londres, avant de s’inscrire à la Slade School of Fine Art, où il découvre les œuvres de J. M. W. Turner et ses atmosphères singulières. Dès lors, son œuvre suivra une trajectoire unique, à rebours des modes et des courants, depuis les scènes figuratives des années 1920 jusqu’aux grands tableaux informels des années 1960.
Sa technique célébrée des hautes pâtes va conduire le critique Michel Tapié à le placer, en 1952, en tête de pont du mouvement de l’art « informel », un art nouveau, défait des héritages cubistes, lyriques ou géométriques. Préférant la compagnie des écrivains à celle des artistes, il fréquente Malraux et Paulhan, mais vit aussi dans la confidence de sa maison à Châtenay-Malabry, près de Paris. Il rejettera jusque son appartenance à un art informel qui ne serait qu’abstraction. Car pour Fautrier, à l’image de ces Brisures, la matière n’est jamais que la mise en pâte d’un toucher, d’un souvenir : « Aucune forme d’art ne peut donner d’émotion s’il ne s’y mêle une part de réel. Si informe qu’elle soit, si impalpable, cette allusion, cette parcelle irréductible est comme la clef de l’œuvre […] On ne fait jamais que réinventer ce qui est, restituer en nuances d’émotion la réalité qui s’est incorporée à la matière, à la forme, à la couleur, produits de l’instant, changé en ce qui ne change plus ». (in J. Fautrier, À chacun sa réalité, XXè siècle, n°9, juin 1957).
Les matières de Fautrier ne ressemblent en effet à aucune autre : faites d’un mélange huile, de pâte de plâtre et pigments projetés directement sur la toile, elles génèrent une vibration que Brisures donne à voir de manière spectaculaire. A la manière d’une écriture, nerveuse, rythmée, la composition scande la surface de gauche à droite, superposant les couches de bleus, de noirs et de verts. L’ensemble produit comme un séisme sur la toile, la fendant, la brisant de l’intérieur et étendant ses déflagrations de part et d’autre de la surface. Comme l’a écrit Karen Rosenberg, Fautrier était « un véritable ‘artiste d’artiste’, une figure importante pour Gerhard Richter comme pour d’autres peintres de la nouvelle génération européenne ». (“Jean Fautrier”, Columbia University Wallach Art Gallery, New York, USA, in Frieze 76, Londres, juin 2003). En effet, ses toiles texturées et sa palette de couleurs restreinte anticipent les stratégies employées par des plasticiens tels Cy Twombly, Georg Baselitz ou Anselm Kiefer.
Sa technique célébrée des hautes pâtes va conduire le critique Michel Tapié à le placer, en 1952, en tête de pont du mouvement de l’art « informel », un art nouveau, défait des héritages cubistes, lyriques ou géométriques. Préférant la compagnie des écrivains à celle des artistes, il fréquente Malraux et Paulhan, mais vit aussi dans la confidence de sa maison à Châtenay-Malabry, près de Paris. Il rejettera jusque son appartenance à un art informel qui ne serait qu’abstraction. Car pour Fautrier, à l’image de ces Brisures, la matière n’est jamais que la mise en pâte d’un toucher, d’un souvenir : « Aucune forme d’art ne peut donner d’émotion s’il ne s’y mêle une part de réel. Si informe qu’elle soit, si impalpable, cette allusion, cette parcelle irréductible est comme la clef de l’œuvre […] On ne fait jamais que réinventer ce qui est, restituer en nuances d’émotion la réalité qui s’est incorporée à la matière, à la forme, à la couleur, produits de l’instant, changé en ce qui ne change plus ». (in J. Fautrier, À chacun sa réalité, XXè siècle, n°9, juin 1957).
Les matières de Fautrier ne ressemblent en effet à aucune autre : faites d’un mélange huile, de pâte de plâtre et pigments projetés directement sur la toile, elles génèrent une vibration que Brisures donne à voir de manière spectaculaire. A la manière d’une écriture, nerveuse, rythmée, la composition scande la surface de gauche à droite, superposant les couches de bleus, de noirs et de verts. L’ensemble produit comme un séisme sur la toile, la fendant, la brisant de l’intérieur et étendant ses déflagrations de part et d’autre de la surface. Comme l’a écrit Karen Rosenberg, Fautrier était « un véritable ‘artiste d’artiste’, une figure importante pour Gerhard Richter comme pour d’autres peintres de la nouvelle génération européenne ». (“Jean Fautrier”, Columbia University Wallach Art Gallery, New York, USA, in Frieze 76, Londres, juin 2003). En effet, ses toiles texturées et sa palette de couleurs restreinte anticipent les stratégies employées par des plasticiens tels Cy Twombly, Georg Baselitz ou Anselm Kiefer.