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No VAT will be charged on the hammer price, but VA… 顯示更多 La Montagne Sainte-Victoire, dont la singulière silhouette domine, par sa présence exceptionnelle, la campagne des environs d'Aix-en-Provence, nourrit depuis la préhistoire légendes et mythologie régionales. Pour Cézanne, originaire d'Aix, Sainte-Victoire incarnait cette terre et cette culture provençales qu'il aimait tant. Les écrivains et poètes du mouvement de la Renaissance provençale, parmi lesquels il comptait des amis, partageaient avec lui cet attachement à la terre natale, qu'ils célébraient à travers leurs oeuvres. Mais pour Cézanne, peintre aux ambitions suprêmes, Sainte-Victoire peut également être considérée comme le symbole de la lutte solitaire qu'il mena, sa vie durant, pour atteindre les sommets, pour devenir ce Moïse qu'il évoque dans sa correspondance, ce prophète porteur d'un art nouveau. Il n'est donc pas surprenant qu'elle devînt son motif de prédilection, sujet d'une multitude d'huiles, aquarelles et dessins de la fin des années 1860 à sa mort, quarante ans plus tard. Variant les perspectives au fil des ans, Cézanne considère Sainte-Victoire de loin, petite silhouette bleue, ou de très près, impressionnante paroi rocheuse incisée de profondes balafres. Elle prend parfois l'apparence d'un cône trapu et tronqué, et parfois celle d'une interminable et massive enfilade de falaises. Dans ses représentations les plus "classiques", elle forme une masse à peu près symétrique, au sommet aplati, aux flancs pentus et ondulants. Dans ces vastes panoramas embrassant la plaine de l'Arc, la montagne semble se détacher par à-coups réguliers du patchwork de champs, d'arbres et des premiers reliefs qu'elle domine de sa forme équilibrée et centrée, encadrée de pins élancés au premier plan. Mais ce n'est que dans ses ultimes paysages, peints durant les quatre dernières années de sa vie, que Cézanne, découvrant son sujet habituel sous un angle inhabituel, parvint à la capturer dans toute sa stature, majestueusement dressée au-dessus de la vaste plaine en contrebas, et dominant le ciel de sa masse. Cette nouvelle perspective partait de la crête des Lauves, une colline située au nord d'Aix dont Cézanne acquit un versant pour y installer un atelier en 1902. La vue, depuis la crête, offrait un panorama, à perte de vue, étourdissant, et dans lequel, pour reprendre les mots de John Rewald "la montagne dessinait un triangle irrégulier, dont l'échine s'étirait lentement jusqu'à la face abrupte, sorte de falaise qui rétrécissait pour se fondre dans le prolongement à l'horizontal qu'offrait le mont du Cengle. Au pied de Cézanne s'étalait la plaine, immense et vallonnée, tel un édredon aux motifs de champs et de bosquets, que piquaient ici et là les bâtisses d'un mas. Loin de se courber sous l'immensité des cieux, la montagne semble tendre vers l'infini, plus imposante que jamais, et peut-être même plus majestueuse. En suspension, aérienne, dans cette lumière du midi, elle s'impose comme le symbole éclatant de la Provence". (Paul Cézanne, The Watercolors, Boston, 1983, p. 240). Au cours des quatre années qui lui restaient, Cézanne composa des variations sur ce paysage, chacune se distinguant subtilement des précédentes, au nombre de dix-sept huiles et onze aquarelles. Ce qui caractérise la présente aquarelle, et l'huile qui s'en rapproche (fig. 1), c'est ce format horizontal allongé, inhabituel, en particulier pour ce qui est de l'aquarelle, dont la largeur est le double de la hauteur. Il s'agit en fait de l'aquarelle la plus étirée sur le plan horizontal de Cézanne. Même Reflets dans l'eau, Lac d'Annecy (Rewald, no. 474), qui s'efforce d'embrasser la longue rive opposée du lac, va moins loin. Cette oeuvre aurait pu loger sur une seule feuille, alors que, dans le cas présent, Cézanne a dû ajouter un morceau de feuille supplémentaire sur la droite. C'est le seul paysage à l'aquarelle qui semble avoir fait l'objet d'un tel ajout, les autres feuilles agrandies de cette manière concernant une composition allégorique, un nu et une scène de bain (Rewald, nos. 68, 387 et 606). Pourquoi, alors, altéra-t-il d'une façon aussi radicale le format de ce paysage ? L'unique réponse qui nous a été apportée à ce jour est qu'il "s'efforçait de représenter l'ensemble du panorama dominé par Sainte-Victoire, tel qu'il le contemplait du haut des Lauves" (Rewald, p. 239). Réponse séduisante, mais guère convaincante. Rewald lui-même, ou du moins son objectif, ne parvint pas à cadrer l'ensemble de la vue qu'il cherchait à photographier du même endroit en 1935 (fig. 2). Le fait est que le panorama est trop vaste pour être embrassé d'un seul regard. Si Cézanne commençait par fixer son attention sur le Mont Sainte-Victoire tout à gauche, il devait ensuite se tourner à l'opposé pour voir sur la droite la totalité du Mont du Cengle, un plateau rocheux peu élevé, niché contre le flanc méridional de Sainte-Victoire. Lui aussi appartenait à la mémoire collective locale depuis l'époque romaine, et était connu de Cézanne de longue date. L'artiste l'avait peint à plusieurs reprises par le passé, notamment dans une aquarelle, aux alentours de 1895 (Rewald, no. 411), où ses formes accidentées sont clairement mises en avant. Dans la présente aquarelle, il le souligne de tons mauves et bleus, qui reprennent, en plus foncé, ceux de Sainte-Victoire. On les retrouve encore parmi les branches noueuses des oliviers, visibles au premier plan, sur la droite, qui, en fait, incorporent les éléments de la droite de l'image, des plus éloignés aux plus proches, et permettent de faire le lien avec le côté gauche. Apparemment éparpillés, mais obéissant à leur propre logique formelle et créatrice, d'innombrables lavis bleu clair, orange, vert et rose égalisent de la même manière la surface, tout en l'animant d'une tache de soleil et d'un souffle d'air. Voir le Mont du Cengle et le Mont Sainte-Victoire réunis dans une même oeuvre devient alors une expérience aussi conceptuelle que visuelle, qui assimile le connu et l'observation directe dans une oeuvre cohérente à l'ampleur et à l'ambition exceptionnelles. Au lieu du paysage unifié, mais essentiellement statique, constituant le motif des autres aquarelles de cette série, nous sommes confrontés ici à un paysage dynamique et exigeant, dont les éléments semblent défiler devant nous au fur et à mesure que nous balayons la feuille du regard. Par Theodore Reff, novembre 2008. Ce texte a été traduit de l'anglais. (fig. 1) Paul Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire, 1902-06. The Metropolitan Museum of Art, New York. ©The Metropolitan Museum of Art, Dist, RMN - ©Image de MMA (fig. 2) Photographie prise par John Rewald de la Montagne Sainte-Victoire, vue des Lauves, vers 1935. © X.D.R.
PAUL CEZANNE (1839-1906)

La montagne Sainte-Victoire vue des Lauves (recto); Etude d'arbres (verso)

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PAUL CEZANNE (1839-1906)

La montagne Sainte-Victoire vue des Lauves (recto); Etude d'arbres (verso)

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細節
PAUL CEZANNE (1839-1906)
La montagne Sainte-Victoire vue des Lauves (recto); Etude d'arbres (verso)
aquarelle et mine de plomb sur papiers joints
30.9 x 71.6 cm. (12¼ x 28¼ in.)
Exécuté vers 1902-06
來源
Atelier de l'artiste.
Paul Cézanne fils, Paris (par descendance).
Paul Cassirer, Berlin (acquis auprès de celui-ci).
Margarete Oppenheim, Berlin.
Otto von Simson, Paris (par descendance).
Ernest M. von Simson, New York (par descendance).
Galerie Tarica, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, juillet 1983.
出版
L. Venturi, Cézanne, son art-son oeuvre, Paris, 1936, vol. I, p. 254, no. 917 (illustré, vol. II; daté '1890-1900').
J. Rewald, Les aquarelles de Cézanne, catalogue raisonné, Paris, 1984, p. 239, no. 594 (illustré).
J. Coignard, "Chez Pierre Bergé et Yves Saint Laurent", in Connaissance des Arts, no. 634, janvier 2006, p. 49 (illustré en couleur).
"Les chefs-d'oeuvre de la collection Yves Saint Laurent Pierre Bergé", in Connaissance des Arts, h.s., no. 271, janvier 2006 (daté vers '1900').
展覽
New York, M. Knoedler & Co., Cézanne Watercolors, avril 1963, p. 57, no. 64 (illustré, pl. LX).
New York, The Museum of Modern Art; Houston, Museum of Fine Arts et Paris, Grand Palais (no. 85), Cézanne, The Late Work, 1977-juillet 1978, p. 412, no. 105 (illustré, p. 319, pl. 126).
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'THE SAINTE-VICTOIRE MOUNTAIN SEEN FROM LES LAUVES' (RECTO); 'STUDY OF TREES' (VERSO); WATERCOLOUR AND PENCIL ON JOINED PAPER.

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