拍品专文
Les modèles de ces groupes créés par Peter Reinicke sont inspirés des gravures de Jean Joseph Balechou d'après « Les Délices de l'Enfance » de François Boucher. Une paire de groupes similaires a été vendue par Sotheby’s, Londres, 21 avril 1964 et est illustrée dans la collection Pauls-Eisenbeiss par Dr. Erika Pauls-Eisenbeiss, German Porcelain of the 18th Century, Vol. I, 1972, p. 115. Un groupe du Chinois et de l’enfant est reproduit par Len et Yvonne Adams, Meissen Portrait Figures, 1987, p. 175.
Ces groupes en porcelaine de Meissen montés de bronze doré illustrent l’importance des marchands-merciers au XVIIIe siècle. « Vendeurs de tout, faiseurs de riens », suivant la célèbre sentence prononcée par Diderot dans son Encyclopédie, les marchands-merciers constituent l’une des corporations parisiennes les plus importantes au XVIIIe siècle. Les statuts de la corporation, codifiés en 1613, leur permettent de composer et de vendre des objets assemblés d’éléments importés ou élaborés par diverses corporations, tels que des panneaux de laque, de marqueterie, des pièces de porcelaines ou des bronzes. Certains de ces marchands ont ainsi très certainement acquis nos figures de porcelaine auprès de la manufacture de Meissen ou de grandes compagnies de transport, qu’ils ont ensuite fait monter à l’aide de fondeurs, ciseleurs et doreurs. Ces groupes pourraient ainsi avoir été conçus par certains marchands-merciers spécialisés en porcelaine, tels que Dominique Daguerre, le père et le fils Darnault, les Dulac, Edme François Gersaint, Thomas Joachim Hébert, ou encore Lazare Duvaux.
A la fois créateurs, commerçants, négociants et décorateurs, les marchands-merciers servent d’intermédiaires entre les collectionneurs, qu’ils conseillent, et les artisans, auxquels ils passent des commandes. Plus encore, pour promouvoir et faire connaître leurs créations, ils collaborent avec des dessinateurs tels que Watteau, Lancret, ou encore Boucher, à l’image des figures de nos groupes, inspirées de gravures de Jean Joseph Balechou d'après « Les Délices de l'Enfance » de François Boucher.
Les marchands-merciers exercent, dès le commencement du règne de Louis XV, une considérable influence sur le goût de leur époque. Situés dans les quartiers privilégiés de la rue Saint-Honoré, du Palais de Justice ou des rues Saint-Martin et fournisseurs d’une riche clientèle française et étrangère, ils contribuent à la renommée de l’art français en Europe. Sous leur impulsion, l’art du bronze européen et les objets montés connaissent une véritable expansion. Ils développent ainsi un goût pour l’exotisme, nourri par les productions de la manufacture de Meissen, inspirées des porcelaines asiatiques importées par la Compagnie des Indes orientales. A l’imitation des porcelaines chinoises, Meissen est la première manufacture à produire de la porcelaine à pâte dure en Europe, dès 1710, un an après la découverte de gisements de kaolin en Saxe. Les montures de bronze doré que les marchands-merciers leur conçoivent subliment l’exotisme de leurs formes et de leurs décors, la translucidité et la pureté de leur blancheur et en font des objets extrêmement recherchés par les collectionneurs au XVIIIe siècle.
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The models of these groups created by Peter Reinicke were inspired by engravings by Jean Joseph Balechou after François Boucher's “Les Délices de l'Enfance”. A pair of similar groups were sold by Sotheby's, London, April 21, 1964 and are illustrated in the Pauls-Eisenbeiss collection by Dr. Erika Pauls-Eisenbeiss, German Porcelain of the 18th Century, Vol. I, 1972, p. 115. A group of the Chinese and child is reproduced by Len and Yvonne Adams, Meissen Portrait Figures, 1987, p. 175
These ormolu-mounted Meissen porcelain groups illustrate the importance of marchands-merciers in the 18th century. “Vendeurs de tout, faiseurs de riens”, as Diderot famously wrote in his Encyclopédie, the marchands-merciers were one of the most important corporations in 18th-century Paris. The corporation's statutes, codified in 1613, allowed them to compose and sell objects assembled from elements imported or elaborated by various corporations, such as lacquer panels, marquetry, pieces of porcelain or bronzes. Some of these merchants most certainly acquired our porcelain figures from the Meissen manufactory or major shipping companies, which they then assembled with the help of founders, chiselers and gilders. These groups could thus have been designed by certain marchands-merciers specialized in porcelain, such as Dominique Daguerre, the Darnault fathers and sons, the Dulacs, Edme François Gersaint, Thomas Joachim Hébert, or Lazare Duvaux.
At once creators, merchants, traders and decorators, the marchands-merciers acted as intermediaries between collectors, whom they advised, and artisans, to whom they placed orders. Furthermore, to promote their creations, they collaborated with artists such as Watteau, Lancret and Boucher, like the figures in our groups, inspired by engravings by Jean Joseph Balechou after François Boucher's “Les Délices de l'Enfance”.
From the beginning of the reign of Louis XV, the marchands-merciers exerted a considerable influence on the taste of their time. Located in the privileged districts of Rue Saint-Honoré, Palais de Justice and Rue Saint-Martin, and supplying a wealthy clientele from France and abroad, they contributed to the renown of French art in Europe. Under their influence, European ormolu-mounted objects underwent a veritable expansion. They also developed a taste for the exotic, nourished by the productions of the Meissen manufactory, inspired by Asian porcelain imported by the East India Company. In imitation of Chinese porcelain, Meissen was the first factory in Europe to produce hard-paste porcelain, as early as 1710, a year after the discovery of kaolin deposits in Saxony. The gilded bronze mounts designed for them by Mercier merchants sublimated the exoticism of their shapes and decorations, and the translucence and purity of their whiteness, making them extremely sought-after by collectors in the 18th century.
Ces groupes en porcelaine de Meissen montés de bronze doré illustrent l’importance des marchands-merciers au XVIIIe siècle. « Vendeurs de tout, faiseurs de riens », suivant la célèbre sentence prononcée par Diderot dans son Encyclopédie, les marchands-merciers constituent l’une des corporations parisiennes les plus importantes au XVIIIe siècle. Les statuts de la corporation, codifiés en 1613, leur permettent de composer et de vendre des objets assemblés d’éléments importés ou élaborés par diverses corporations, tels que des panneaux de laque, de marqueterie, des pièces de porcelaines ou des bronzes. Certains de ces marchands ont ainsi très certainement acquis nos figures de porcelaine auprès de la manufacture de Meissen ou de grandes compagnies de transport, qu’ils ont ensuite fait monter à l’aide de fondeurs, ciseleurs et doreurs. Ces groupes pourraient ainsi avoir été conçus par certains marchands-merciers spécialisés en porcelaine, tels que Dominique Daguerre, le père et le fils Darnault, les Dulac, Edme François Gersaint, Thomas Joachim Hébert, ou encore Lazare Duvaux.
A la fois créateurs, commerçants, négociants et décorateurs, les marchands-merciers servent d’intermédiaires entre les collectionneurs, qu’ils conseillent, et les artisans, auxquels ils passent des commandes. Plus encore, pour promouvoir et faire connaître leurs créations, ils collaborent avec des dessinateurs tels que Watteau, Lancret, ou encore Boucher, à l’image des figures de nos groupes, inspirées de gravures de Jean Joseph Balechou d'après « Les Délices de l'Enfance » de François Boucher.
Les marchands-merciers exercent, dès le commencement du règne de Louis XV, une considérable influence sur le goût de leur époque. Situés dans les quartiers privilégiés de la rue Saint-Honoré, du Palais de Justice ou des rues Saint-Martin et fournisseurs d’une riche clientèle française et étrangère, ils contribuent à la renommée de l’art français en Europe. Sous leur impulsion, l’art du bronze européen et les objets montés connaissent une véritable expansion. Ils développent ainsi un goût pour l’exotisme, nourri par les productions de la manufacture de Meissen, inspirées des porcelaines asiatiques importées par la Compagnie des Indes orientales. A l’imitation des porcelaines chinoises, Meissen est la première manufacture à produire de la porcelaine à pâte dure en Europe, dès 1710, un an après la découverte de gisements de kaolin en Saxe. Les montures de bronze doré que les marchands-merciers leur conçoivent subliment l’exotisme de leurs formes et de leurs décors, la translucidité et la pureté de leur blancheur et en font des objets extrêmement recherchés par les collectionneurs au XVIIIe siècle.
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The models of these groups created by Peter Reinicke were inspired by engravings by Jean Joseph Balechou after François Boucher's “Les Délices de l'Enfance”. A pair of similar groups were sold by Sotheby's, London, April 21, 1964 and are illustrated in the Pauls-Eisenbeiss collection by Dr. Erika Pauls-Eisenbeiss, German Porcelain of the 18th Century, Vol. I, 1972, p. 115. A group of the Chinese and child is reproduced by Len and Yvonne Adams, Meissen Portrait Figures, 1987, p. 175
These ormolu-mounted Meissen porcelain groups illustrate the importance of marchands-merciers in the 18th century. “Vendeurs de tout, faiseurs de riens”, as Diderot famously wrote in his Encyclopédie, the marchands-merciers were one of the most important corporations in 18th-century Paris. The corporation's statutes, codified in 1613, allowed them to compose and sell objects assembled from elements imported or elaborated by various corporations, such as lacquer panels, marquetry, pieces of porcelain or bronzes. Some of these merchants most certainly acquired our porcelain figures from the Meissen manufactory or major shipping companies, which they then assembled with the help of founders, chiselers and gilders. These groups could thus have been designed by certain marchands-merciers specialized in porcelain, such as Dominique Daguerre, the Darnault fathers and sons, the Dulacs, Edme François Gersaint, Thomas Joachim Hébert, or Lazare Duvaux.
At once creators, merchants, traders and decorators, the marchands-merciers acted as intermediaries between collectors, whom they advised, and artisans, to whom they placed orders. Furthermore, to promote their creations, they collaborated with artists such as Watteau, Lancret and Boucher, like the figures in our groups, inspired by engravings by Jean Joseph Balechou after François Boucher's “Les Délices de l'Enfance”.
From the beginning of the reign of Louis XV, the marchands-merciers exerted a considerable influence on the taste of their time. Located in the privileged districts of Rue Saint-Honoré, Palais de Justice and Rue Saint-Martin, and supplying a wealthy clientele from France and abroad, they contributed to the renown of French art in Europe. Under their influence, European ormolu-mounted objects underwent a veritable expansion. They also developed a taste for the exotic, nourished by the productions of the Meissen manufactory, inspired by Asian porcelain imported by the East India Company. In imitation of Chinese porcelain, Meissen was the first factory in Europe to produce hard-paste porcelain, as early as 1710, a year after the discovery of kaolin deposits in Saxony. The gilded bronze mounts designed for them by Mercier merchants sublimated the exoticism of their shapes and decorations, and the translucence and purity of their whiteness, making them extremely sought-after by collectors in the 18th century.