拍品专文
Par sa perfection technique, aussi bien que le caractère expérimental de sa forme, ce bureau témoigne de l'extraordinaire effervescence des arts décoratifs pendant le dernier quart du XVIIe siècle.
UNE ÉTAPE IMPORTANTE DANS L'ÉVOLUTION DU BUREAU
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, il n’existe pas de table spécifiquement conçue pour l’écriture. On travaille longtemps en se servant d’une table sans particularité, souvent couverte d’un tapis, la bure, qui donna plus tard son nom au bureau, forme qu’André-Charles Boulle contribue largement à développer. Notre bureau est un jalon important dans l’évolution de cette forme. Il s’éloigne du bureau Mazarin pour se rapprocher des bureaux plats à quatre pieds. C’est une évolution progressive qui se joue entre 1675 et 1695. Un des premiers jalons est le bureau brisé attribué à Boulle, réalisé vers 1670-1680 (Vente Sotheby’s, Londres, 3 mars 2006, lot 287). Constitué de deux caissons reposant chacun sur quatre pieds et réunis par une entretoise, il est entièrement orné d’une marqueterie de bois à décor floral. La forme de notre bureau présente une avancée majeure en ce qui concerne le confort par rapport à ce premier modèle : l’allongement de la forme, qui passe de 1,5 m à près de 2 m de long, ainsi que la suppression de la porte placée sous le tiroir central permet le passage complet des jambes de l’utilisateur, qui s’assoit désormais droit face au meuble et non plus de trois-quarts. L’étape suivante de cette longue évolution est le bureau à caisson attribué à Boulle, daté de 1690-1695, vendu par Christie’s à New York, le 2 novembre 2000 (lot 179), sur lequel la marqueterie de laiton et d’écaille de tortue remplace la marqueterie florale et dont l’entretoise transversale a été supprimée, l’éloignant du bureau Mazarin pour le rapprocher du futur bureau plat à quatre pieds.
BOULLE ET LES MEUBLES EN MARQUETERIES DE FLEURS ET OISEAUX
On peut aujourd’hui attribuer à Boulle un certain nombre de tables et de bureaux à marqueterie de fleurs et oiseaux, datant des années 1670-1680 (première période de l’atelier). En 1691, le Livre commode des adresses de Paris signale que « Boulle fait des ouvrages de marqueterie d’une beauté singulière » pour compléter, en 1692, que Boulle, Cucci et Lefèvre sont les trois seuls ébénistes parisiens dignes d’être cités dans ce guide. On ne peut, en effet, qu’être saisi d’admiration en contemplant cette marqueterie, où l’ébène crée un contraste si saisissant avec les différents feuillages et fleurs. Le rendu naturaliste de ces somptueux bouquets, mêlant pivoines, œillets d’Inde, narcisses, tulipes ou encore chèvrefeuilles, semble rivaliser avec les peintures d’histoire naturelle sur vélin de Nicolas Robert collectionnées par Louis XIV. Les motifs décoratifs d’arabesques feuillagées sont quant à eux inspirés par le Livre d'Ornemens de feuillage, publié vers 1650 par Paul Androuet du Cerceau.
Bien qu’aucune source ne permette d’attribuer avec certitude ce bureau à André-Charles Boulle, sa forme ainsi que l’extrême virtuosité de la marqueterie nous conduit à penser qu’il s’agit très probablement d’une œuvre de sa main. La marqueterie de feuillages et oiseaux se retrouve sur plusieurs meubles de Boulle, en particulier des cabinets comme ceux du Louvre (inv. V4653 et inv. Vmb932), un cabinet conservé au Cleveland Museum of art (Inv. 1949.539) ou encore le fameux cabinet supporté par Hercule et Hippolyte du Getty Museum (Inv. 77.DA.1). L’acte de délaissement de Boulle à ses fils le 6 octobre 1715 mentionne également « quinze tables de fleurs ou pièces de rapport commencées 1 350 l. Sept portes de cabinets de fleurs et de marqueterie en dedans 280 l. […] un grand corps de cabinet dans le panneau est placqué de fleurs 700 l. » attestant l’importance de cette production pour son atelier (Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille : nouvelles recherches, nouveaux documents, Genève, Librairie Droz, 1979, pp. 68-69 et 74). Notre bureau peut être rapproché d’un bureau à marqueterie de fleurs et oiseaux attribué à André-Charles Boulle très similaire, conservé au Victoria & Albert Museum (inv. W.19-1997). La marqueterie du plateau d’une table, également attribuée à André-Charles Boulle et réalisée vers 1680, conservée au Getty Museum (inv. 83.DA.22), présente des motifs très similaires dans leur traitement, avec ceux de notre bureau. Notons par exemple le détail de l’anémone, à trois cercles concentriques, en haut à gauche du médaillon central de la table, que l’on retrouve, presqu’à l’identique, à plusieurs reprises sur notre bureau.
LA MARQUETERIE DE BOIS DANS LE DERNIER QUART DU XVIIE SIÈCLE
Boulle n’est pas le seul ébéniste à avoir réalisé de tels bureaux, les modèles à huit pieds à marqueterie de fleurs étaient courants dans les années 1670-1680, fabriqués par des contemporains de Boulle, comme Gole ou Aubertin et Renaud Gaudron, jusqu’au tournant du siècle. Notre bureau peut, par exemple, être rapproché, dans sa structure, et en particulier en ce qui concerne la forme caractéristique des entretoises, du bureau à caisson aux armes de Charlotte-Elizabeth de Bavière, attribué à Renaud Gaudron, vers 1690 (C. Demetrescu, Les ébénistes de la couronne sous Louis XIV, Lausanne, 2021, p. 292, fig. 294). Toutefois, la qualité de la marqueterie de notre bureau, visible à la délicatesse de l’ombrage ou la superposition des différents plans, ne semblent pouvoir être l’œuvre que d’un ébéniste de l’envergure d’André-Charles Boulle.
UNE PROVENANCE PRESTIGIEUSE
Le bureau à marqueterie de fleurs et d'oiseaux rencontra un vif succès auprès des amateurs tout au long du XVIIIe siècle. Ainsi, par exemple, un « grand bureau ancien de bois de rapport à plusieurs tiroirs sur ses huit pieds et traverses de bois pareil 12 livres » a été inventorié en 1761 chez le maréchal Charles-Louis-Auguste Fouquet, duc de Belle-Isle (1684-1761), petit-fils du surintendant Nicolas Fouquet. Notre bureau est attesté avant 1753 dans la Collection Dupinol, à Grenoble, puis après 1753, il est acquis pour le château de Longpra, où il demeure jusqu’au milieu du XXe siècle. Les archives du château de Longpra du 3 avril 1794 mentionnent : « Le 14 au Sr Cie Hache dit La Grange pour m’avoir fourni pendant deux jours un ouvrier ébéniste pour raccommoder un bureau en marqueterie, fournir l’ébène et autres bois nécessaire, colle et cire…. 15 livres ». René Fonvieille dans La Dynastie des Hache, attribue d’ailleurs à Thomas Hache, ce bureau (illustré p. 13). Cependant, Pierre Rouge et Françoise Rouge reviennent sur cette attribution dans La génie des Hache, en affirmant qu’il ne peut qu’être l’œuvre d’un « atelier parisien prestigieux ».
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Both its technical perfection and the experimental nature of this bureau bear witness to the extraordinary effervescence of the decorative arts in the last quarter of the 17th century.
A MILESTONE IN THE EVOLUTION OF THE WRITING DESK
Until the end of the 17th century, there was no table specifically designed for writing. For a long time, people worked using a table with no particularity, often covered with a fabric, the bure, which later gave its name to the bureau, a form that André-Charles Boulle played a major role in developing. Our desk is an important milestone in the development of this form. It moves away from the Mazarin desk and towards the four-legged bureau plat. It was a gradual evolution that took place between 1675 and 1695. One of the first milestones is the desk attributed to Boulle, made around 1670-1680 (Sotheby's, London, 3 March 2006, lot 287). Made up of two cabinets, each resting on four legs and joined by a crossbar, it is entirely decorated with floral wood marquetry. The shape of our desk represents a major step forward in terms of comfort compared to this first model: the lengthening of the shape, from 1.5 m to almost 2 m, and the removal of the door under the central drawer allow the user's legs to pass completely through, so that he can sit upright facing the table top rather than being in a three-quarter position. The next stage in this long evolution is the bureau plat attributed to Boulle, dated 1690-1695, sold by Christie's in New York on 2 November 2000 (lot 179), on which the brass and tortoiseshell marquetry replaces the floral marquetry, and on which the crossbar has been removed, taking it away from the Mazarin desk and bringing it closer to the future four-legged bureau plat.
BOULLE AND FURNITURE IN MARQUETERIE DE FLEURS ET OISEAUX
A number of tables and desks with 'fleurs et oiseaux’ marquetry dating from 1670-1680 (the Boulle workshop's first period) can now be attributed to Boulle. In 1691, the Livre commode des adresses de Paris noted that ‘Boulle made marquetry works of singular beauty’, and in 1692 added that Boulle, Cucci and Lefèvre were the only three Parisian cabinetmakers worthy of being mentioned in this guide. Indeed, one cannot help but be struck with admiration when contemplating this marquetry, where ebony creates such a striking contrast with the various foliage and flowers. The naturalistic rendering of these sumptuous bouquets, combining peonies, marigolds, narcissi, tulips, and honeysuckle, seems to rival the natural history paintings on vellum by Nicolas Robert that Louis XIV collected. The decorative motifs of foliate arabesques are inspired by the Livre d'Ornemens de feuillage, published around 1650 by Paul Androuet du Cerceau.
Although no source allows us to attribute this desk with certainty to André-Charles Boulle, its shape and the extreme virtuosity of the marquetry lead us to believe that it is very probably a work by his hand. The marquetry of foliage and birds is found on several pieces of furniture by Boulle, in particular cabinets such as those in the Louvre (inv. V4653 and inv. Vmb932), a cabinet in the Cleveland Museum of art (Inv. 1949.539) and the famous cabinet supported by Hercules and Hippolyta in the Getty Museum (Inv. 77.DA.1). Boulle's deed of relinquishment to his sons on 6 October 1715 also mentions ‘quinze tables de fleurs ou pièces de rapport commencées 1 350 l. Sept portes de cabinets de fleurs et de marqueterie en dedans 280 l. […] un grand corps de cabinet dans le panneau est placqué de fleurs 700 l.’ attesting to the importance of this production for his workshop (Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille : nouvelles recherches, nouveaux documents, Genève, Librairie Droz, 1979, pp. 68-69 and 74). Our desk can be compared to a similar desk with ‘fleurs et oiseaux’ marquetry attributed to André-Charles Boulle in the Victoria & Albert Museum (inv. W.19-1997). The marquetry on the top of a table, also attributed to André-Charles Boulle and made around 1680, now in the Getty Museum (inv. 83.DA.22), has similar motifs to those on our desk. Note, for example, the detail of the anemone, with three concentric circles, at the top left of the central medallion of the table, which is found, almost identically, on several occasions on our desk.
WOOD MARQUETRY IN THE LAST QUARTER OF THE 17TH CENTURY
Boulle was not the only cabinetmaker to make such desks; eight-legged models with flower marquetry were common in the 1670s and 1680s, made by contemporaries of Boulle, such as Gole or Aubertin and Renaud Gaudron, until the turn of the century. The structure of our desk, for example, and in particular the characteristic shape of the crossbar, can be compared to the bureau à caisson aux armes de Charlotte-Elizabeth de Bavière, attributed to Renaud Gaudron, circa 1690 (C. Demetrescu, Les ébénistes de la couronne sous Louis XIV, Lausanne, 2021, p. 292, fig. 294). However, the quality of the marquetry on our desk, visible in the delicacy of the shading or the superimposition of the different planes, seems to be the work of a cabinetmaker of the stature of André-Charles Boulle.
A PRESTIGIOUS PROVENANCE
Desks with ‘fleurs et oiseaux’ marquetry were exceedingly popular with connoisseurs throughout the 18th century. In 1761, for example, a ‘grand bureau ancien de bois de rapport à plusieurs tiroirs sur ses huit pieds et traverses de bois pareil 12 livres’ was inventoried in the possession of Marshal Charles-Louis-Auguste Fouquet, Duc de Belle-Isle (1684-1761), grandson of Surintendent Nicolas Fouquet. Before 1753, our desk was in the Dupinol Collection in Grenoble. After 1753, it was acquired for the château de Longpra, where it remained until the mid-20th century. The château de Longpra archives of 3 April 1794 mention: ‘Le 14 au Sr Cie Hache dit La Grange pour m’avoir fourni pendant deux jours un ouvrier ébéniste pour raccommoder un bureau en marqueterie, fournir l’ébène et autres bois nécessaire, colle et cire…. 15 livres’. René Fonvieille, in La Dynastie des Hache, attributes this desk to Thomas Hache (illustrated on p. 13). However, Pierre Rouge and Françoise Rouge go back on this attribution in Le génie des Hache, asserting that it can only be the work of a ‘prestigious Parisian workshop’.
UNE ÉTAPE IMPORTANTE DANS L'ÉVOLUTION DU BUREAU
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, il n’existe pas de table spécifiquement conçue pour l’écriture. On travaille longtemps en se servant d’une table sans particularité, souvent couverte d’un tapis, la bure, qui donna plus tard son nom au bureau, forme qu’André-Charles Boulle contribue largement à développer. Notre bureau est un jalon important dans l’évolution de cette forme. Il s’éloigne du bureau Mazarin pour se rapprocher des bureaux plats à quatre pieds. C’est une évolution progressive qui se joue entre 1675 et 1695. Un des premiers jalons est le bureau brisé attribué à Boulle, réalisé vers 1670-1680 (Vente Sotheby’s, Londres, 3 mars 2006, lot 287). Constitué de deux caissons reposant chacun sur quatre pieds et réunis par une entretoise, il est entièrement orné d’une marqueterie de bois à décor floral. La forme de notre bureau présente une avancée majeure en ce qui concerne le confort par rapport à ce premier modèle : l’allongement de la forme, qui passe de 1,5 m à près de 2 m de long, ainsi que la suppression de la porte placée sous le tiroir central permet le passage complet des jambes de l’utilisateur, qui s’assoit désormais droit face au meuble et non plus de trois-quarts. L’étape suivante de cette longue évolution est le bureau à caisson attribué à Boulle, daté de 1690-1695, vendu par Christie’s à New York, le 2 novembre 2000 (lot 179), sur lequel la marqueterie de laiton et d’écaille de tortue remplace la marqueterie florale et dont l’entretoise transversale a été supprimée, l’éloignant du bureau Mazarin pour le rapprocher du futur bureau plat à quatre pieds.
BOULLE ET LES MEUBLES EN MARQUETERIES DE FLEURS ET OISEAUX
On peut aujourd’hui attribuer à Boulle un certain nombre de tables et de bureaux à marqueterie de fleurs et oiseaux, datant des années 1670-1680 (première période de l’atelier). En 1691, le Livre commode des adresses de Paris signale que « Boulle fait des ouvrages de marqueterie d’une beauté singulière » pour compléter, en 1692, que Boulle, Cucci et Lefèvre sont les trois seuls ébénistes parisiens dignes d’être cités dans ce guide. On ne peut, en effet, qu’être saisi d’admiration en contemplant cette marqueterie, où l’ébène crée un contraste si saisissant avec les différents feuillages et fleurs. Le rendu naturaliste de ces somptueux bouquets, mêlant pivoines, œillets d’Inde, narcisses, tulipes ou encore chèvrefeuilles, semble rivaliser avec les peintures d’histoire naturelle sur vélin de Nicolas Robert collectionnées par Louis XIV. Les motifs décoratifs d’arabesques feuillagées sont quant à eux inspirés par le Livre d'Ornemens de feuillage, publié vers 1650 par Paul Androuet du Cerceau.
Bien qu’aucune source ne permette d’attribuer avec certitude ce bureau à André-Charles Boulle, sa forme ainsi que l’extrême virtuosité de la marqueterie nous conduit à penser qu’il s’agit très probablement d’une œuvre de sa main. La marqueterie de feuillages et oiseaux se retrouve sur plusieurs meubles de Boulle, en particulier des cabinets comme ceux du Louvre (inv. V4653 et inv. Vmb932), un cabinet conservé au Cleveland Museum of art (Inv. 1949.539) ou encore le fameux cabinet supporté par Hercule et Hippolyte du Getty Museum (Inv. 77.DA.1). L’acte de délaissement de Boulle à ses fils le 6 octobre 1715 mentionne également « quinze tables de fleurs ou pièces de rapport commencées 1 350 l. Sept portes de cabinets de fleurs et de marqueterie en dedans 280 l. […] un grand corps de cabinet dans le panneau est placqué de fleurs 700 l. » attestant l’importance de cette production pour son atelier (Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille : nouvelles recherches, nouveaux documents, Genève, Librairie Droz, 1979, pp. 68-69 et 74). Notre bureau peut être rapproché d’un bureau à marqueterie de fleurs et oiseaux attribué à André-Charles Boulle très similaire, conservé au Victoria & Albert Museum (inv. W.19-1997). La marqueterie du plateau d’une table, également attribuée à André-Charles Boulle et réalisée vers 1680, conservée au Getty Museum (inv. 83.DA.22), présente des motifs très similaires dans leur traitement, avec ceux de notre bureau. Notons par exemple le détail de l’anémone, à trois cercles concentriques, en haut à gauche du médaillon central de la table, que l’on retrouve, presqu’à l’identique, à plusieurs reprises sur notre bureau.
LA MARQUETERIE DE BOIS DANS LE DERNIER QUART DU XVIIE SIÈCLE
Boulle n’est pas le seul ébéniste à avoir réalisé de tels bureaux, les modèles à huit pieds à marqueterie de fleurs étaient courants dans les années 1670-1680, fabriqués par des contemporains de Boulle, comme Gole ou Aubertin et Renaud Gaudron, jusqu’au tournant du siècle. Notre bureau peut, par exemple, être rapproché, dans sa structure, et en particulier en ce qui concerne la forme caractéristique des entretoises, du bureau à caisson aux armes de Charlotte-Elizabeth de Bavière, attribué à Renaud Gaudron, vers 1690 (C. Demetrescu, Les ébénistes de la couronne sous Louis XIV, Lausanne, 2021, p. 292, fig. 294). Toutefois, la qualité de la marqueterie de notre bureau, visible à la délicatesse de l’ombrage ou la superposition des différents plans, ne semblent pouvoir être l’œuvre que d’un ébéniste de l’envergure d’André-Charles Boulle.
UNE PROVENANCE PRESTIGIEUSE
Le bureau à marqueterie de fleurs et d'oiseaux rencontra un vif succès auprès des amateurs tout au long du XVIIIe siècle. Ainsi, par exemple, un « grand bureau ancien de bois de rapport à plusieurs tiroirs sur ses huit pieds et traverses de bois pareil 12 livres » a été inventorié en 1761 chez le maréchal Charles-Louis-Auguste Fouquet, duc de Belle-Isle (1684-1761), petit-fils du surintendant Nicolas Fouquet. Notre bureau est attesté avant 1753 dans la Collection Dupinol, à Grenoble, puis après 1753, il est acquis pour le château de Longpra, où il demeure jusqu’au milieu du XXe siècle. Les archives du château de Longpra du 3 avril 1794 mentionnent : « Le 14 au Sr Cie Hache dit La Grange pour m’avoir fourni pendant deux jours un ouvrier ébéniste pour raccommoder un bureau en marqueterie, fournir l’ébène et autres bois nécessaire, colle et cire…. 15 livres ». René Fonvieille dans La Dynastie des Hache, attribue d’ailleurs à Thomas Hache, ce bureau (illustré p. 13). Cependant, Pierre Rouge et Françoise Rouge reviennent sur cette attribution dans La génie des Hache, en affirmant qu’il ne peut qu’être l’œuvre d’un « atelier parisien prestigieux ».
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Both its technical perfection and the experimental nature of this bureau bear witness to the extraordinary effervescence of the decorative arts in the last quarter of the 17th century.
A MILESTONE IN THE EVOLUTION OF THE WRITING DESK
Until the end of the 17th century, there was no table specifically designed for writing. For a long time, people worked using a table with no particularity, often covered with a fabric, the bure, which later gave its name to the bureau, a form that André-Charles Boulle played a major role in developing. Our desk is an important milestone in the development of this form. It moves away from the Mazarin desk and towards the four-legged bureau plat. It was a gradual evolution that took place between 1675 and 1695. One of the first milestones is the desk attributed to Boulle, made around 1670-1680 (Sotheby's, London, 3 March 2006, lot 287). Made up of two cabinets, each resting on four legs and joined by a crossbar, it is entirely decorated with floral wood marquetry. The shape of our desk represents a major step forward in terms of comfort compared to this first model: the lengthening of the shape, from 1.5 m to almost 2 m, and the removal of the door under the central drawer allow the user's legs to pass completely through, so that he can sit upright facing the table top rather than being in a three-quarter position. The next stage in this long evolution is the bureau plat attributed to Boulle, dated 1690-1695, sold by Christie's in New York on 2 November 2000 (lot 179), on which the brass and tortoiseshell marquetry replaces the floral marquetry, and on which the crossbar has been removed, taking it away from the Mazarin desk and bringing it closer to the future four-legged bureau plat.
BOULLE AND FURNITURE IN MARQUETERIE DE FLEURS ET OISEAUX
A number of tables and desks with 'fleurs et oiseaux’ marquetry dating from 1670-1680 (the Boulle workshop's first period) can now be attributed to Boulle. In 1691, the Livre commode des adresses de Paris noted that ‘Boulle made marquetry works of singular beauty’, and in 1692 added that Boulle, Cucci and Lefèvre were the only three Parisian cabinetmakers worthy of being mentioned in this guide. Indeed, one cannot help but be struck with admiration when contemplating this marquetry, where ebony creates such a striking contrast with the various foliage and flowers. The naturalistic rendering of these sumptuous bouquets, combining peonies, marigolds, narcissi, tulips, and honeysuckle, seems to rival the natural history paintings on vellum by Nicolas Robert that Louis XIV collected. The decorative motifs of foliate arabesques are inspired by the Livre d'Ornemens de feuillage, published around 1650 by Paul Androuet du Cerceau.
Although no source allows us to attribute this desk with certainty to André-Charles Boulle, its shape and the extreme virtuosity of the marquetry lead us to believe that it is very probably a work by his hand. The marquetry of foliage and birds is found on several pieces of furniture by Boulle, in particular cabinets such as those in the Louvre (inv. V4653 and inv. Vmb932), a cabinet in the Cleveland Museum of art (Inv. 1949.539) and the famous cabinet supported by Hercules and Hippolyta in the Getty Museum (Inv. 77.DA.1). Boulle's deed of relinquishment to his sons on 6 October 1715 also mentions ‘quinze tables de fleurs ou pièces de rapport commencées 1 350 l. Sept portes de cabinets de fleurs et de marqueterie en dedans 280 l. […] un grand corps de cabinet dans le panneau est placqué de fleurs 700 l.’ attesting to the importance of this production for his workshop (Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille : nouvelles recherches, nouveaux documents, Genève, Librairie Droz, 1979, pp. 68-69 and 74). Our desk can be compared to a similar desk with ‘fleurs et oiseaux’ marquetry attributed to André-Charles Boulle in the Victoria & Albert Museum (inv. W.19-1997). The marquetry on the top of a table, also attributed to André-Charles Boulle and made around 1680, now in the Getty Museum (inv. 83.DA.22), has similar motifs to those on our desk. Note, for example, the detail of the anemone, with three concentric circles, at the top left of the central medallion of the table, which is found, almost identically, on several occasions on our desk.
WOOD MARQUETRY IN THE LAST QUARTER OF THE 17TH CENTURY
Boulle was not the only cabinetmaker to make such desks; eight-legged models with flower marquetry were common in the 1670s and 1680s, made by contemporaries of Boulle, such as Gole or Aubertin and Renaud Gaudron, until the turn of the century. The structure of our desk, for example, and in particular the characteristic shape of the crossbar, can be compared to the bureau à caisson aux armes de Charlotte-Elizabeth de Bavière, attributed to Renaud Gaudron, circa 1690 (C. Demetrescu, Les ébénistes de la couronne sous Louis XIV, Lausanne, 2021, p. 292, fig. 294). However, the quality of the marquetry on our desk, visible in the delicacy of the shading or the superimposition of the different planes, seems to be the work of a cabinetmaker of the stature of André-Charles Boulle.
A PRESTIGIOUS PROVENANCE
Desks with ‘fleurs et oiseaux’ marquetry were exceedingly popular with connoisseurs throughout the 18th century. In 1761, for example, a ‘grand bureau ancien de bois de rapport à plusieurs tiroirs sur ses huit pieds et traverses de bois pareil 12 livres’ was inventoried in the possession of Marshal Charles-Louis-Auguste Fouquet, Duc de Belle-Isle (1684-1761), grandson of Surintendent Nicolas Fouquet. Before 1753, our desk was in the Dupinol Collection in Grenoble. After 1753, it was acquired for the château de Longpra, where it remained until the mid-20th century. The château de Longpra archives of 3 April 1794 mention: ‘Le 14 au Sr Cie Hache dit La Grange pour m’avoir fourni pendant deux jours un ouvrier ébéniste pour raccommoder un bureau en marqueterie, fournir l’ébène et autres bois nécessaire, colle et cire…. 15 livres’. René Fonvieille, in La Dynastie des Hache, attributes this desk to Thomas Hache (illustrated on p. 13). However, Pierre Rouge and Françoise Rouge go back on this attribution in Le génie des Hache, asserting that it can only be the work of a ‘prestigious Parisian workshop’.