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« Mes thèmes s’inspirent du monde qui m’entoure, de situations familiales, de la vie quotidienne ; je ne m'oppose jamais activement à l’objet, je vis la magie de sa présence. » - Domenico Gnoli
Paysage hypnotique de motifs, de textures et de formes, La Robe rouge (1964) est une œuvre majeure qui marque les débuts de la maturité artistique de Domenico Gnoli. De provenance exceptionnelle – elle a appartenu au célèbre romancier français Frédéric Dard, grand collectionneur des œuvres de Gnoli –, cette toile jouit également d’un prestigieux parcours d’expositions. Dévoilée pour la première fois en 1964, dans le cadre de l'exposition personnelle décisive de Gnoli à la galerie André Schoeller, à Paris, elle a été présentée dans de nombreux musées à Hanovre, Rotterdam, Darmstadt, Bruxelles et Lausanne, au fil des décennies. Plus récemment, elle figurait encore dans la rétrospective de Gnoli organisée par Germano Celant à la Fondazione Prada, à Milan, en 2022.
Après des débuts d'illustrateur et de scénographe, c’est en 1964 que Gnoli adopte le langage plastique qui le rendra célèbre : des peintures intimes aux accents surréalistes représentant, en plan rapproché, des objets et des matériaux du quotidien. Cet été-là, dans la sérénité de Deià, sur l’île de Majorque, Gnoli trouve sa véritable voix d’artiste, réalisant une trentaine d’œuvres qui seront reçues avec grand enthousiasme quelques mois plus tard, à la galerie André Schoeller. La Robe rouge donne à voir le corps d’une femme vêtue d’une robe à motifs cachemire, dont les courbes envahissent la large toile de part en part. Tout en détails minutieux, le tissu se déploie à la manière d'une topographie sensuelle de plis, de froissements et de formes.
Évoquant le surréalisme déroutant d'œuvres comme Le Viol (1934) de René Magritte, La Robe rouge peut également être rapprochée de l'iconographie fétichiste du Pop art des années 1960. La démarche de Gnoli n'en demeure pas moins profondément singulière. Il mêle notamment du sable à sa peinture, créant ainsi une surface tactile qui accentue la charge sensorielle de l’image. Né à Rome d’un père historien de l’art, Gnoli ancre son travail dans un riche héritage artistique, qui va de l’école métaphysique aux fresques du Quattrocento.
Si cette œuvre renvoie à certains tableaux antérieurs – Gnoli ayant déjà eu recours à des coulures de pigments pour simuler l’apparence de la pierre marbrée, dont on retrouve les textures sur le fond moucheté de La Robe rouge –, le regard onirique que l'artiste porte ici sur les détails du vêtement annonce un thème qui le fascinera tout au long de sa carrière, jusqu’à sa disparition prématurée en 1970. Il reviendra ainsi à plusieurs reprises sur le motif du buste féminin, notamment dans deux tableaux de 1966 étroitement liés, Green Bust et Vestito estivo, respectivement conservés au Mumok de Vienne et au Stedelijk Museum d'Amsterdam. La même année, Gnoli reprendra le motif cachemire rouge de cette œuvre-ci pour le fauteuil vide d’Assenza, aujourd’hui abrité par les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.
''My themes come from the world around me, from family situations, from everyday life; I never actively mediate against the object, I live the magic of its presence.'' - Domenico Gnoli
A hypnotic scape of pattern, texture and form, La robe rouge (1964) is a seminal work that dates from the dawn of Domenico Gnoli’s mature practice. With remarkable provenance—it was previously owned by the celebrated French crime writer Frédéric Dard, a major collector of Gnoli’s work—the painting also bears a stellar exhibition history. Debuted in Gnoli’s breakthrough 1964 solo exhibition at Galerie André Schoeller, Paris, it was included in museum surveys in Hannover, Rotterdam, Darmstadt, Brussels and Lausanne across the following decades. Most recently, it was part of Germano Celant’s definitive Gnoli retrospective at the Fondazione Prada, Milan in 2022.
Having previously focused on illustration and set design, it was in 1964 that Gnoli arrived at the intimate, close-cropped and surreal paintings of everyday objects and surfaces for which he is known today. That summer, working in the beautiful isolation of Deià, Mallorca, he found his true voice, painting around thirty works that would be shown at André Schoeller to huge acclaim later that year. La robe rouge depicts the body of a woman in a red paisley dress, her curves filling every inch of the wide canvas. The fabric’s vivid, precisely-depicted pattern plays across a swelling topography of shadow, crease and contour.
Recalling the hallucinatory surrealism of works such as René Magritte’s Le viol (1934), La robe rouge can also be seen in relation to the fetishistic iconography of 1960s Pop art. Gnoli’s vision, however, is entirely his own. He mixes sand into his pigment, creating a tactile surface that heightens the image’s sensory charge. Born in Rome to an art historian father, he rooted his work in a rich artistic heritage ranging from the Metaphysical school to the frescoes of the Quattrocento.
While it provides links to his earlier pictures—Gnoli had previously used dripped pigments to create the appearance of mottled stone, whose textures are echoed in La robe rouge’s dappled, earthy ground—La robe rouge’s dreamlike focus on sartorial detail establishes a theme which would captivate Gnoli for the rest of his career, providing a rich world of exploration until his untimely death in 1970. He would return on several occasions to the motif of the female torso. Two closely related paintings of 1966, Green Bust and Vestito estivo, are in the permanent collections of Mumok, Vienna and the Stedelijk Museum, Amsterdam respectively. That same year, Gnoli also reprised the present work’s red paisley pattern in the empty armchair of Assenza, which is in the collection of the Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Paysage hypnotique de motifs, de textures et de formes, La Robe rouge (1964) est une œuvre majeure qui marque les débuts de la maturité artistique de Domenico Gnoli. De provenance exceptionnelle – elle a appartenu au célèbre romancier français Frédéric Dard, grand collectionneur des œuvres de Gnoli –, cette toile jouit également d’un prestigieux parcours d’expositions. Dévoilée pour la première fois en 1964, dans le cadre de l'exposition personnelle décisive de Gnoli à la galerie André Schoeller, à Paris, elle a été présentée dans de nombreux musées à Hanovre, Rotterdam, Darmstadt, Bruxelles et Lausanne, au fil des décennies. Plus récemment, elle figurait encore dans la rétrospective de Gnoli organisée par Germano Celant à la Fondazione Prada, à Milan, en 2022.
Après des débuts d'illustrateur et de scénographe, c’est en 1964 que Gnoli adopte le langage plastique qui le rendra célèbre : des peintures intimes aux accents surréalistes représentant, en plan rapproché, des objets et des matériaux du quotidien. Cet été-là, dans la sérénité de Deià, sur l’île de Majorque, Gnoli trouve sa véritable voix d’artiste, réalisant une trentaine d’œuvres qui seront reçues avec grand enthousiasme quelques mois plus tard, à la galerie André Schoeller. La Robe rouge donne à voir le corps d’une femme vêtue d’une robe à motifs cachemire, dont les courbes envahissent la large toile de part en part. Tout en détails minutieux, le tissu se déploie à la manière d'une topographie sensuelle de plis, de froissements et de formes.
Évoquant le surréalisme déroutant d'œuvres comme Le Viol (1934) de René Magritte, La Robe rouge peut également être rapprochée de l'iconographie fétichiste du Pop art des années 1960. La démarche de Gnoli n'en demeure pas moins profondément singulière. Il mêle notamment du sable à sa peinture, créant ainsi une surface tactile qui accentue la charge sensorielle de l’image. Né à Rome d’un père historien de l’art, Gnoli ancre son travail dans un riche héritage artistique, qui va de l’école métaphysique aux fresques du Quattrocento.
Si cette œuvre renvoie à certains tableaux antérieurs – Gnoli ayant déjà eu recours à des coulures de pigments pour simuler l’apparence de la pierre marbrée, dont on retrouve les textures sur le fond moucheté de La Robe rouge –, le regard onirique que l'artiste porte ici sur les détails du vêtement annonce un thème qui le fascinera tout au long de sa carrière, jusqu’à sa disparition prématurée en 1970. Il reviendra ainsi à plusieurs reprises sur le motif du buste féminin, notamment dans deux tableaux de 1966 étroitement liés, Green Bust et Vestito estivo, respectivement conservés au Mumok de Vienne et au Stedelijk Museum d'Amsterdam. La même année, Gnoli reprendra le motif cachemire rouge de cette œuvre-ci pour le fauteuil vide d’Assenza, aujourd’hui abrité par les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.
''My themes come from the world around me, from family situations, from everyday life; I never actively mediate against the object, I live the magic of its presence.'' - Domenico Gnoli
A hypnotic scape of pattern, texture and form, La robe rouge (1964) is a seminal work that dates from the dawn of Domenico Gnoli’s mature practice. With remarkable provenance—it was previously owned by the celebrated French crime writer Frédéric Dard, a major collector of Gnoli’s work—the painting also bears a stellar exhibition history. Debuted in Gnoli’s breakthrough 1964 solo exhibition at Galerie André Schoeller, Paris, it was included in museum surveys in Hannover, Rotterdam, Darmstadt, Brussels and Lausanne across the following decades. Most recently, it was part of Germano Celant’s definitive Gnoli retrospective at the Fondazione Prada, Milan in 2022.
Having previously focused on illustration and set design, it was in 1964 that Gnoli arrived at the intimate, close-cropped and surreal paintings of everyday objects and surfaces for which he is known today. That summer, working in the beautiful isolation of Deià, Mallorca, he found his true voice, painting around thirty works that would be shown at André Schoeller to huge acclaim later that year. La robe rouge depicts the body of a woman in a red paisley dress, her curves filling every inch of the wide canvas. The fabric’s vivid, precisely-depicted pattern plays across a swelling topography of shadow, crease and contour.
Recalling the hallucinatory surrealism of works such as René Magritte’s Le viol (1934), La robe rouge can also be seen in relation to the fetishistic iconography of 1960s Pop art. Gnoli’s vision, however, is entirely his own. He mixes sand into his pigment, creating a tactile surface that heightens the image’s sensory charge. Born in Rome to an art historian father, he rooted his work in a rich artistic heritage ranging from the Metaphysical school to the frescoes of the Quattrocento.
While it provides links to his earlier pictures—Gnoli had previously used dripped pigments to create the appearance of mottled stone, whose textures are echoed in La robe rouge’s dappled, earthy ground—La robe rouge’s dreamlike focus on sartorial detail establishes a theme which would captivate Gnoli for the rest of his career, providing a rich world of exploration until his untimely death in 1970. He would return on several occasions to the motif of the female torso. Two closely related paintings of 1966, Green Bust and Vestito estivo, are in the permanent collections of Mumok, Vienna and the Stedelijk Museum, Amsterdam respectively. That same year, Gnoli also reprised the present work’s red paisley pattern in the empty armchair of Assenza, which is in the collection of the Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.