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Jésus-Rafael Soto, né au Venezuela en 1923 et pionnier de l’art cinétique, est un des principaux artistes que va solliciter la Régie Renault au début des années 1970. Dans un premier temps peintre figuratif, c’est son arrivée à Paris, au début des années 1950, qui le fait basculer véritablement dans l’abstraction.
Il est séduit par la simplification radicale du langage de la composition formelle. Ainsi, il se concentre autour d’éléments simples : la ligne, le point, la carré et le cercle. Un champ lexical géométrique extrêmement concis qui se révèle être la plateforme idéale de la matérialisation de la quatrième dimension qu’il recherche. Mais c’est aussi un langage qui peut s’avérer être très proche de celui des dessinateurs industriels. La relation Renault-Soto se fait ainsi naturellement : le département de mécénat du constructeur automobile Recherches, art et industrie, dirigé par Claude-Louis Renard, est, en effet, chargé d’imaginer « l’intégration » d’œuvres dans le futur siège social de Boulogne-Billancourt, dessiné par Oscar Niemeyer. Pour des raisons de coûts, l’architecte brésilien est finalement écarté du projet, mais pas l’artiste vénézuélien.
Pierre Dreyfus, le PDG de Renault, veut expérimenter une proposition décorative forte dans ce nouveau bâtiment hautement symbolique : Soto est choisi pour faire des halls d’entrée des espaces uniques. Ces lieux de passage correspondent parfaitement à l’idée que se fait le créateur de la manière avec laquelle on regarde sa production : en mouvement. En effet, le mouvement du spectateur est en quelque sorte le moteur de son œuvre : à chaque pas, le regardeur voit le relief se transformer, changer de couleur ou parfois disparaitre derrière un plan jusque-là ignoré.
Dans ce contexte, Soto produit et fait don d’œuvres à la structure menée par Renard. On y trouve les éléments qui font de l’artiste un défricheur de l’art optique : les reliefs, avec des espaces paradoxaux par des plans superposés qui interfèrent entre eux, se jouent du regard, le transportent. Cet art, qu’on peut appeler perceptif, na va pas s’appuyer sur la forme mais plutôt sur la capacité de la forme à mettre en branle le système perceptif, à l’activer, à le perturber.
Pour comprendre la présence de Jésus-Rafael Soto dans la collection, il faut se replonger dans le contexte économique et politique de l’époque : lorsque toutes les directions des grands groupes économiques internationaux espèrent se différencier par des choix forts et osés, Renault sait que c’est aussi par la voie artistique que peut s’affirmer son identité. De plus, l’œuvre du créateur vénézuélien correspond à ce que recherche le constructeur automobile : une distinction esthétique propre aux années 1970 durant lesquelles progrès technique et espérance sociale pouvaient aller de pair, unies dans une recherche de la forme, ici magnifiée. Le demi-siècle qui nous sépare de la réalisation de Gran Amarillo montre combien les recherches de Soto conservent un caractère contemporain : au-delà du fait qu’elles ont inspiré toute une nouvelle génération de plasticiens et sculpteurs, elles interrogent toujours notre rapport à l’espace et au temps, à une époque - la nôtre - où la recherche scientifique prend une part d’autant plus prépondérante dans notre quotidien.
Il est séduit par la simplification radicale du langage de la composition formelle. Ainsi, il se concentre autour d’éléments simples : la ligne, le point, la carré et le cercle. Un champ lexical géométrique extrêmement concis qui se révèle être la plateforme idéale de la matérialisation de la quatrième dimension qu’il recherche. Mais c’est aussi un langage qui peut s’avérer être très proche de celui des dessinateurs industriels. La relation Renault-Soto se fait ainsi naturellement : le département de mécénat du constructeur automobile Recherches, art et industrie, dirigé par Claude-Louis Renard, est, en effet, chargé d’imaginer « l’intégration » d’œuvres dans le futur siège social de Boulogne-Billancourt, dessiné par Oscar Niemeyer. Pour des raisons de coûts, l’architecte brésilien est finalement écarté du projet, mais pas l’artiste vénézuélien.
Pierre Dreyfus, le PDG de Renault, veut expérimenter une proposition décorative forte dans ce nouveau bâtiment hautement symbolique : Soto est choisi pour faire des halls d’entrée des espaces uniques. Ces lieux de passage correspondent parfaitement à l’idée que se fait le créateur de la manière avec laquelle on regarde sa production : en mouvement. En effet, le mouvement du spectateur est en quelque sorte le moteur de son œuvre : à chaque pas, le regardeur voit le relief se transformer, changer de couleur ou parfois disparaitre derrière un plan jusque-là ignoré.
Dans ce contexte, Soto produit et fait don d’œuvres à la structure menée par Renard. On y trouve les éléments qui font de l’artiste un défricheur de l’art optique : les reliefs, avec des espaces paradoxaux par des plans superposés qui interfèrent entre eux, se jouent du regard, le transportent. Cet art, qu’on peut appeler perceptif, na va pas s’appuyer sur la forme mais plutôt sur la capacité de la forme à mettre en branle le système perceptif, à l’activer, à le perturber.
Pour comprendre la présence de Jésus-Rafael Soto dans la collection, il faut se replonger dans le contexte économique et politique de l’époque : lorsque toutes les directions des grands groupes économiques internationaux espèrent se différencier par des choix forts et osés, Renault sait que c’est aussi par la voie artistique que peut s’affirmer son identité. De plus, l’œuvre du créateur vénézuélien correspond à ce que recherche le constructeur automobile : une distinction esthétique propre aux années 1970 durant lesquelles progrès technique et espérance sociale pouvaient aller de pair, unies dans une recherche de la forme, ici magnifiée. Le demi-siècle qui nous sépare de la réalisation de Gran Amarillo montre combien les recherches de Soto conservent un caractère contemporain : au-delà du fait qu’elles ont inspiré toute une nouvelle génération de plasticiens et sculpteurs, elles interrogent toujours notre rapport à l’espace et au temps, à une époque - la nôtre - où la recherche scientifique prend une part d’autant plus prépondérante dans notre quotidien.