Wifredo Lam (1902-1982)
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Wifredo Lam (1902-1982)

Oiseau papaye, Buen Retiro ou Les idoles crépusculaires

细节
Wifredo Lam (1902-1982)
Oiseau papaye, Buen Retiro ou Les idoles crépusculaires
signé, titré et daté 'Wifredo Lam 1944 ''Buen retiro''' (en bas à droite)
huile sur papier marouflé sur toile
75 x 94 cm.
Peint en 1944.

signed, titled and dated 'Wifredo Lam 1944 ''Buen retiro''' (lower right)
oil on paper laid down on canvas
29 ½ x 37 in.
Painted in 1944.
来源
Galerie Pierre, Paris
Collection B. Paris
Galerie Jan Krugier, Genève
Collection Philippe de Segur, France
Vente, Me Binoche, Paris, Palais Galliera, 29 mai 1972, lot 74
Acquis au cours de cette vente par la famille des propriétaires actuels
出版
Cahiers d'art, XX-XXXI, Paris, 1945-1946 (illustré p. 359).
''Wifredo Lam et les idoles crépusculaires'', in Quadrum, No. III, Bruxelles, 1957 (illustré p. 31).
M. Leiris, Lam, Milan, 1970, No. 66 (illustré).
M-P. Fouchet, Wifredo Lam, 1989, 1er édition, Barcelone-Paris, 1976, No. 384 (illustré p. 233).
M-P. Fouchet, Wifredo Lam, 1989, 2e édition, Barcelone-Paris, 1989, No. 416 (illustré p. 253).
L. Laurin-Lam, Wifredo Lam, Catalogue Raisonné of the Painted Work, 1923-1960, Vol. I, Paris, 1996, No. 44.80 (illustré p. 363).
展览
Paris, Galerie Pierre, Wifredo Lam, décembre 1945.
Genève, Galerie Jan Krugier, Wifredo Lam, avril 1963, No. 4 (illustré au catalogue d'exposition).
Turin, Galleria Notizie, Lam, février-mars 1964 (illustré au catalogue d'exposition p. 5).
Bâle, Kunsthalle (septembre-octobre); Hanovre, Kester-Gesellschaft (décembre-janvier); Amsterdam, Stedelijk Museum (janvier-mars); Stockholm, Moderna Museet (avril-mai); Bruxelles, Palais des Beaux Arts (mai-juin), Wifredo Lam, 1966-1967, No. 17 (illustré en couleurs au catalogue d'exposition p. 34).
Milan, Galleria Bergamini, Wifredo Lam, janvier-février 1969.
Francfort, Kunstkabinett Hannah Bekker Vom Rath, Wifredo Lam, Œlbilder, Zeichnungen, Druckgraphik, juillet- août 1969, No. 1 (illustré au catalogue d'exposition).
Genève, Galerie Jan Krugier, Lam, mars-avril 1970, No. 316 (illustré au catalogue d'exposition p. 10).
Milan, Galleria Arte Borgogna, Wifredo Lam, juin 1970.

荣誉呈献

Antoine Lebouteiller
Antoine Lebouteiller Head of Department

拍品专文

« Enracinée en notre époque sombre, sa peinture est comme un cristal de roche, brillant et coupant. Ces lignes incisives, ces courbes tendues, ces reliefs aigus, ces couleurs contenues… » - Sebastián Gasch

Conçue en 1944, cette œuvre d'une grande vivacité date de la période la plus marquante de la carrière de Wifredo Lam. Conservée dans la même collection particulière depuis plus d'un demi-siècle, on l'intitule diversement Oiseau papaye, Buen Retiro ou Les Idoles crépusculaires. Son intrigante composition illustre pleinement l'éclosion du style accompli de Lam : une maturité marquée par la synthèse entre les influences surréalistes et cubistes de ses débuts, et la faune, la flore, les mythes et l'héritage spirituel de sa Cuba natale. Ici, une créature hybride prend forme au sein d'un réseau foisonnant de mouchetures rouges, bleues et vert émeraude. Avec ses quatre yeux perçants et sa tête anguleuse, emblématique des chimères de Lam, elle conjugue des éléments de plante, d'animal et d'esprit de la forêt : de généreuses grappes de fruits pour les rondeurs du corps, des branchages en guise d'ailes et de queue, et une mâchoire en fer à cheval pour l'ouverture suggestive des lèvres. La palette diaprée évoque, quant à elle, les ombres et les nuances mystérieuses d'un crépuscule tropical. Ce tableau a été exposé à de nombreuses reprises, notamment lors d'une grande rétrospective itinérante en 1966-1967, présentée tour à tour à la Kunsthalle de Bâle, à la Kestner Gesellschaft de Hanovre, au Stedelijk Museum d'Amsterdam, au Moderna Museet de Stockholm et au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

Lam est né en 1902 dans la ville de Sagua La Grande, à Cuba. Doué pour le dessin, il suit dès l'adolescence des cours aux beaux-arts de la Havane grâce auxquels il obtient une bourse d'études pour l'Espagne, où il s'installe en 1923. À Madrid, il se prend de fascination pour la peinture ténébreuse de Goya, le maniérisme du Greco et de Velasquez et les visions pléthoriques de Jérôme Bosch, qu'il aperçoit entre les murs du Prado. En 1931 cependant, ses élans créatifs sont tragiquement freinés par le décès de sa première épouse et de leur enfant, emportés par la tuberculose. Quelques années plus tard, la Guerre d'Espagne amène Lam à s'engager auprès des Républicains, pour lesquels il réalise des affiches tout en travaillant dans une usine d'armement. Il quitte la péninsule ibérique en 1938 pour Paris, où il se lie bientôt d'amitié avec Pablo Picasso. Fervent défenseur de son œuvre, Picasso immerge Lam dans les milieux d'avant-garde de la capitale et le présente aux membres de son cercle cubiste ; c'est aussi lui qui pousse le Cubain à découvrir la puissance envoûtante de l'art africain dont il s'est tant inspiré. Lam fait l'année suivante une rencontre tout aussi déterminante pour sa carrière : celle d'André Breton, grâce auquel il devient l'une des figures de proue du mouvement surréaliste. Fort de ces confluences, il rentre en 1941 à Cuba : c'est là, sur la terre de ses ancêtres, que son expression connaît son plein épanouissement.

À l'issue de sa longue absence, Lam renoue viscéralement avec son pays d'origine. Filleul d'une grande prêtresse de Santería, il se plonge avec sa sœur Eloísa dans l'univers des cérémonies, des danses et des rites initiatiques de cette religion syncrétique profondément ancrée dans l'identité cubaine. Nées de la rencontre du catholicisme et des cultes yorubas, ces croyances où se mêlent magie, métamorphose, mondes invisibles et inconscient trouvent un écho naturel dans le langage fantastique et le surréalisme onirique que l'artiste a développés à Paris. Marqué par la pensée anticoloniale de son ami Aimé Césaire (qu'il rencontre en Martinique avant de regagner Cuba), Lam y voit aussi un moyen d'affirmer une expression purement afro-caribéenne. Aussi commence-t-il à glisser dans ses tableaux des figures totémiques dérivées des orishas, ces divinités yorubas qui représentent les forces de la nature. Les formes cubo-surréalistes de l'artiste partent dès lors à la rencontre de la mythologie cubaine et des paysages luxuriants de son enfance : en témoigne son chef-d'œuvre monumental de 1943, La Jungla, qui rejoint en 1945 les collections du Museum of Modern Art de New York, où il sera accroché auprès des Demoiselles d'Avignon (1907) de Picasso.

C'est durant cette période charnière que ce tableau protéiforme voit le jour. Si le titre Buen Retiro renvoie au nom du quartier où Lam a longtemps résidé, celui des Idoles crépusculaires évoque le monde de la Santería. L'autre intitulé de l'œuvre, Oiseau papaye, revêt lui aussi une forte portée symbolique. La famille des papayers est en effet composée d'individus de sexes différents : les pieds femelles donnent de gros fruits dotés d'une pulpe orangée et d'une cavité remplie de graines noires – de là le terme papaya, pour signifier la vulve en argot cubain. Avec ses fleurs en forme d'étoile, l'arbre mâle, dépourvu de fruits, est quant à lui surnommé el mamón ou le « surgeon ». Habitée par le folklore de Cuba, par ses légendes, ses rites de fertilité, sa nature abondante, cette composition donne à voir l'immense souffle de créativité que connaît Lam après son retour aux sources.


"His painting is like a rock crystal, brilliant and dagger-sharp, plunged into this sombre age of ours. Those incisive lines, those taut curves, those sharp reliefs and restrained colours …" - Sebastián Gasch

The present work is a vibrant painting created in 1944, during the most important period in Wifredo Lam’s career. It has been held in the same private collection for more than half century. Variously titled
Oiseau papaye (Papaya Bird), Buen Retiro or Les idoles crépusculaires (The Twilight Idols), it captures the arrival of the artist’s mature practice, which saw him synthesise the Surrealist and Cubist influences of his early work with the lush environment and mystical traditions of his native Cuba. The painting depicts a hybrid creature in rich, dappled strokes of red, blue and emerald green. With two pairs of staring eyes and the angular head typical of Lam’s creatures, it combines aspects of plant, animal and forest spirit, bearing a fertile clutch of fruit, leafy wings and tail, and a vulval opening between horsehoe-shaped jaws. Lam’s jewel-like palette conjures the mysterious, colourful shadows of a tropical twilight. The painting has been widely exhibited, including in the artist’s major 1966-1967 retrospective that toured the Kunsthalle Basel, the Kestner Gesellschaft, Hannover, the Stedelijk Museum, Amsterdam, the Moderna Museet, Stockholm and the Palais des Beaux-Arts, Brussels.

Lam was born in Sagua La Grande, Cuba, in 1902. A precocious draughtsman, he began his artistic studies in Havana as a teenager, and won a grant to travel to Spain, where he arrived in 1923. In the Prado in Madrid, he greatly admired the dark, mysterious paintings of Goya, the mannerism of El Greco and Velázquez, and the teeming chimeras of Hieronymus Bosch. While a period of creative despair followed the loss of his first wife and child to tuberculosis in 1931, Lam was active in the Republican resistance movement, designing posters and working in a munitions factory. Lam left Spain for Paris in 1938. There he met Pablo Picasso, who became a close friend and champion of his work, introducing him to his circle of Cubists and other avant-garde painters. Lam was exposed to the enormous power of the African art that so inspired Picasso. The following year he began an equally significant friendship with André Breton, becoming a key member of the Surrealist movement. In 1941, he returned to Cuba, and it was here that his practice reached its full flowering.

Arriving after his long absence, Lam experienced a profound reconnection with his home country. With his sister Eloísa, he attended the initiation rituals and ceremonial dances of Santería: a syncretic religion born of the overlay of Catholic and Yoruba traditions, and central to Cuba’s identity. Lam’s godmother had been a noted Santería priestess. The belief system’s emphasis on magic, transformation and the unconscious had echoes in the dreamlike and fantastical Surrealism Lam had explored in Paris. Inspired by the anti-colonial theories of his friend Aimé Césaire, whom he had met in Martinique on his way to Cuba, Lam also saw it as a way to assert a distinctive Afro-Caribbean expression. The artist began to bring in figures inspired by the Yoruba nature deities known as Orishas into his work, merging Cubist and Surrealist forms with the luxuriant jungle landscapes he had known so well as a child. In 1943 he painted his seminal large-scale canvas
La Jungla, which was acquired in 1945 by the Museum of Modern Art, New York, and hung alongside Picasso’s Demoiselles d’Avignon (1907).

It is to this vital period that the present work belongs. The title
Idoles Crépusculaires nods to the theme of Santería, while Buen Retiro refers to the artist’s home in the Havana neighbourhood of the same name. The figural fusion of ‘bird’ and ‘papaya’ is also rich in symbolism. The papaya is a plant with male and female individuals. The female tree bears large, orange-fleshed fruit with a cavity of dark seeds: papaya is synonymous with the vulva in Cuban slang. The fruitless male tree, with star-shaped flowers, is known as el mamóm or ‘the sucker.’ Evocative of fertility rites, local folklore and the rich, abundant life of the natural world, Lam’s painting reflects the bountiful creative inspiration he found on returning to the land of his birth.

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