拍品专文
Ce dessin inédit, dont la composition était auparavant connue seulement par une estampe de Léon Davent généralement datée vers 1547 (H. Zerner, Ecole de Fontainebleau, Paris, 1969, no. LD 84) représente une vraie redécouverte dans le corpus graphique de Luca Penni qui compte aujourd'hui un peu moins que quatre-vingt feuilles (voir Cordellier, op. cit., pp. 187-190). Le lien entre Penni et le monde de l'estampe a souvent été souligné et ce depuis Giorgio Vasari, Les Vies des artistes (éd. 1568), jusque la récente exposition du Musée du Louvre (Cordellier, op. cit., pp. 99-105). L'inventaire après décés de l'artiste révèle que la partie plus importante de son patrimoine consistait en des planches de cuivre et en 1226 épreuves d'après celles-ci (op. cit., p. 99). C'est à partir de son arrivée en France vers 1538-40, pour travailler à côté de Rosso Fiorentino et Primatice au chantier du château de Fontainebleau, que Luca Penni côtoie et développe des relations professionnelles avec des graveurs. La période bellifontaine de l'artiste s'avère particulièrement riche ; l'artiste est l'inventeur de plusieurs compositions qui seront gravées pour le roi et sa cour. Il développe un style fort personnel, traduisant pour le marché français le style italien, surtout celui du Raphaël romain de vingt ans plus tôt (op. cit., pp. 36-39).
Penni quitte Fontainebleau en 1547, très probablement suite à la mort du roi François Ier et s'installe Paris où il commence à travailler pour une clientèle bourgeoise et raffinée de la capitale. C'est Léon Davent, considéré par Henri Zerner comme 'le plus beau graveur de Fontainebleau' (op. cit., p. XXI) qu'il confie l'exécution de la plupart des eaux-fortes d'après ses dessins. Zerner (op. cit., pp. XXIV-XXV) datait la gravure de Davent vers 1547 car proche stylistiquement de la série des Péchés capitaux, également exécutée d'après des dessins de l'artiste italien (op. cit., pp. 106-9). A partir de cette période Davent semble travailler de plus en plus d'après les dessins de Penni et bien moins d'aprés ceux de Primatice pour qui le graveur avait jusqu'à là principalement oeuvré. Comme le souligne Zerner, le style du graveur subit, vers 1547, un changement important, il se simplifie, devient plus précis, les contours sont plus nets, comme montre la série des Péchés capitaux (op. cit., p. XXIV).
Zerner fut le premier à avancer le nom de Penni pour l'invention du Christ aux Limbes, car l'eau-forte ne porte pas le nom du dessinateur, mais simplement les initiales du graveur 'LD'. Sylvie Béguin ('Un aspect ignoré de l'école de Fontainebleau : la peinture sacrée', L'oeil, décembre 1960, LXXII, p. 61) et Louis Dimier avant elle (Le Primatice, peintre, sculpteur et architecte des rois de France : essai sur la vie et les ouvrages de cet artiste suivi d'un catalogue raisonné de ses dessins et de ses compositions gravées, Paris, 1900, no. 35) l'attribuaient Primatice. La découverte du présent dessin, caractéristique de l'oeuvre dessiné de Penni, vient confirmer de manière éclatante la supposition de Zerner.
Dans la traduction du dessin à l'eau-forte, Léon Davent prends quelques libertés, mais suit fondamentalement le dessin de Penni. Peut-être le changement le plus évident est le drapé de la femme qui se trouve juste derrière le Christ, drapé qui dans la feuille de Penni voile à peine la nudité de la femme et que Davent élimine complètement, exposant ainsi son corps nu. Aussi, sous le pont, là où on entrevoit la barque de Charon en train de traverser le Styx, la feuille de Penni montre plusieurs figures dans l'attente d'être transportées dans l'au-delà, alors que l'eau-forte ne montre seulement une barque et son conducteur.
Le style de Luca Penni vers la fin des années quarante a légérement évolué, les figures se font plus grandes et imposantes et le graphisme est moins 'décoratif'. On peut néanmoins toujours reconnaître des caractéristiques typiques de ses dessins précédents comme, par exemple, la chevelure des femmes debout entre saint Jean-Baptiste et le Christ, que l'on retrouve dans les figures au deuxième plan du Jugement de Pâris, un dessin aujourd'hui au Louvre (Cordellier, op. cit., fig. 46). Les figures à l'arrière-plan sur un pont, rapidement esquissées au pinceau et au lavis, peuvent également être rapprochées de celles visibles dans la partie supérieure du Combat d'hommes nus devant un bûcher (Musée du Louvre ; Cordellier, op. cit., fig. 38).
Comme l'indiquerait son montage à bordure dorée, la feuille a probablement fait partie de la collection d'Everhard Jabach (1610- 1695). Dans l'inventaire de 1695 on retrouve dans un portfolio '12 dessins de Georgeon et de Lucas Penni' (B. Py, Everhard Jabach, collectionneur 1618-1695 : les dessins de l'inventaire de 1695, Paris, 2001, p. 274, portefeuille J).
Penni quitte Fontainebleau en 1547, très probablement suite à la mort du roi François Ier et s'installe Paris où il commence à travailler pour une clientèle bourgeoise et raffinée de la capitale. C'est Léon Davent, considéré par Henri Zerner comme 'le plus beau graveur de Fontainebleau' (op. cit., p. XXI) qu'il confie l'exécution de la plupart des eaux-fortes d'après ses dessins. Zerner (op. cit., pp. XXIV-XXV) datait la gravure de Davent vers 1547 car proche stylistiquement de la série des Péchés capitaux, également exécutée d'après des dessins de l'artiste italien (op. cit., pp. 106-9). A partir de cette période Davent semble travailler de plus en plus d'après les dessins de Penni et bien moins d'aprés ceux de Primatice pour qui le graveur avait jusqu'à là principalement oeuvré. Comme le souligne Zerner, le style du graveur subit, vers 1547, un changement important, il se simplifie, devient plus précis, les contours sont plus nets, comme montre la série des Péchés capitaux (op. cit., p. XXIV).
Zerner fut le premier à avancer le nom de Penni pour l'invention du Christ aux Limbes, car l'eau-forte ne porte pas le nom du dessinateur, mais simplement les initiales du graveur 'LD'. Sylvie Béguin ('Un aspect ignoré de l'école de Fontainebleau : la peinture sacrée', L'oeil, décembre 1960, LXXII, p. 61) et Louis Dimier avant elle (Le Primatice, peintre, sculpteur et architecte des rois de France : essai sur la vie et les ouvrages de cet artiste suivi d'un catalogue raisonné de ses dessins et de ses compositions gravées, Paris, 1900, no. 35) l'attribuaient Primatice. La découverte du présent dessin, caractéristique de l'oeuvre dessiné de Penni, vient confirmer de manière éclatante la supposition de Zerner.
Dans la traduction du dessin à l'eau-forte, Léon Davent prends quelques libertés, mais suit fondamentalement le dessin de Penni. Peut-être le changement le plus évident est le drapé de la femme qui se trouve juste derrière le Christ, drapé qui dans la feuille de Penni voile à peine la nudité de la femme et que Davent élimine complètement, exposant ainsi son corps nu. Aussi, sous le pont, là où on entrevoit la barque de Charon en train de traverser le Styx, la feuille de Penni montre plusieurs figures dans l'attente d'être transportées dans l'au-delà, alors que l'eau-forte ne montre seulement une barque et son conducteur.
Le style de Luca Penni vers la fin des années quarante a légérement évolué, les figures se font plus grandes et imposantes et le graphisme est moins 'décoratif'. On peut néanmoins toujours reconnaître des caractéristiques typiques de ses dessins précédents comme, par exemple, la chevelure des femmes debout entre saint Jean-Baptiste et le Christ, que l'on retrouve dans les figures au deuxième plan du Jugement de Pâris, un dessin aujourd'hui au Louvre (Cordellier, op. cit., fig. 46). Les figures à l'arrière-plan sur un pont, rapidement esquissées au pinceau et au lavis, peuvent également être rapprochées de celles visibles dans la partie supérieure du Combat d'hommes nus devant un bûcher (Musée du Louvre ; Cordellier, op. cit., fig. 38).
Comme l'indiquerait son montage à bordure dorée, la feuille a probablement fait partie de la collection d'Everhard Jabach (1610- 1695). Dans l'inventaire de 1695 on retrouve dans un portfolio '12 dessins de Georgeon et de Lucas Penni' (B. Py, Everhard Jabach, collectionneur 1618-1695 : les dessins de l'inventaire de 1695, Paris, 2001, p. 274, portefeuille J).