Lot Essay
« Mon esthétique actuelle provient de l’ennui que me cause le spectacle de tableaux qui m’apparaissent comme congelés en surface immobile, loin des choses humaines. Cette troisième dimension, qui n’est pas un produit du clair-obscur, ces transparences avec leur coin d’oubliettes me permettent de m’exprimer, à la ressemblance de mes volontés intérieures, avec une certaine vraisemblance. Lorsque je pose la première pierre, elle se trouve sous mon tableau et non dessus. » Francis Picabia
Peinte en 1928, Myrte constitue un exemple ensorcelant de la célèbre série des Transparences de Francis Picabia, œuvres ainsi nommées pour leur représentation simultanée de plusieurs images transparentes, superposées de manière théâtrale dans un effet rappelant la photographie à expositions multiples. Dès 1924, l’artiste expérimente la superposition à travers les techniques cinématographiques illusoires de son film de Entr’acte, ainsi que dans ses séries Monstres et Espagnoles. Il utilise alors cet effet pour plonger le spectateur dans une rêverie hallucinatoire et sensuelle emplie de corps superposés et de silhouettes convergentes. Dans ses tableaux comme Myrte, au lieu d’utiliser la peinture comme une fenêtre sur un autre monde et de normaliser l’illusionnisme en jeu, Picabia cherche à stimuler l’imagination en créant une imbrication surréaliste d’images confondant la lecture traditionnelle. Pour l'artiste, cette fascination pour la superposition d’images transparentes, vient d'une révélation vécue dans un café de Marseille où, sur la vitrine, le reflet de l’intérieur lui est apparu superposé à la vue extérieure (cité dans D. Ottinger, éd., Francis Picabia dans les collections du Centre Georges Pompidou, Musée d’art Moderne, Paris, 2003, p. 71). Créées alors que l’artiste mène une existence hédoniste dans le sud de la France, ces peintures ont été interprétées comme des critiques spirituelles et déguisées du mode de vie sur la Côte d’Azur, opposant la réalité frivole et moderne des lieux de villégiature de la Méditerranée à son passé élégant et classique.
Pour la série Transparences, Picabia puise dans une multitude de sources visuelles, utilisant des impressions et des reproductions de sculptures classiques, de peintures de la Renaissance et de fresques catalanes pour élaborer ses compositions. Son fils Lorenzo se souvient que son père possédait « un coffre plein de livres d’art dans son atelier », source probable de la majorité de ces images (Lorenzo Everling, cité dans M. L. Borràs, Picabia, Paris, 1985, p. 340). Vers la fin des années 1920, l’art de l’Antiquité prend une importance particulière dans les Transparences. Les groupes de sculptures classiques apparaissant souvent comme l’image de base soutenant le reste de la composition.
Dans Myrte, la plupart des éléments figurés dérivent comme bien souvent de tableaux de Botticelli, fragmentées et dispersées. Ici, c’est le Couronnement de la Vierge (Musée des Offices, Florences) qui inspire Picabia.
Comme souvent également, l’une des caractéristiques les plus frappantes de Myrte est le jeu des mains désincarnées qui se faufilent entre et autour des diverses couches d’images. Le contour d’une main est souvent placé de manière à donner l’impression qu’elle caresse l’une des figures, tandis que dans certaines sections du panneau, elles semblent s’adresser directement à l’un des éléments picturaux. Parmi les motifs les plus courants des Transparences, ces mains ne se contentent pas de suggérer une étrange tactilité, mais servent également à relier chacune des couches individuelles, en traversant souvent les limites de plusieurs figures et en se faufilant dans la composition. Leur présence ne fait qu’ajouter à l’énigme visuelle et complique les relations entre les figures individuelles, ce qui désarçonne notre lecture de ce réseau complexe d’images. La main en bas à gauche est reprise de la main de Saint Jean de Couronnement de la Vierge de Botticelli. Les rayons de lumières, nimbant la Vierge sont également réinterprétés par Picabia dans la présente œuvre.
Comme dans de nombreuses Transparences de Picabia, Myrte semble avoir été réalisé selon un code personnel d’imagerie que seul l’artiste peut reconnaître et interpréter. En effet, dans l’introduction d’une exposition de ses œuvres en décembre 1930, Picabia déclare avec un certain humour qu’il s’agit d’expressions de « désir intérieur », destinées à être lues par lui seul. Ici, les sources de nombreuses figures incluses dans la composition restent un mystère pour le spectateur : leurs formes peuvent tout aussi bien provenir d’une carte postale contemporaine et kitsch que d’un chef-d’œuvre de la Renaissance. Choisies pour les effets mystérieux de leur juxtaposition, les images superposées de Myrte se combinent pour créer un sujet énigmatique et onirique. En séparant ses matériaux de base de leurs contextes narratifs et allégoriques originaux, l’artiste force ces figures à entrer dans de nouvelles relations mystérieuses. Pour ce faire, Picabia n’hésite pas à reprendre des formes et figures déjà utilisées dans de précédents tableaux. Myrte reprend par exemple certains motifs répétés dans d’autre Transparences, comme Ligustri, Statices, Héra, Lunaris ou encore Villica-caja.
Grâce à la création d’un labyrinthe de formes, Picabia mélange le sacré et le profane, l’ancien et le nouveau, pour générer une œuvre espiègle qui joue avec l’œil du spectateur, la densité des images superposées déconcertant toute tentative de décortiquer et de comprendre les fragments d’images et de récits qui remplissent la toile.
Les Transparences représentent un moment clé dans la pratique de Picabia, en lui permettant selon ses propres déclarations d’avoir un tableau « où tous mes instincts puissent se donner libre cours » (Picabia, cité dans W. Camfield, Francis Picabia, His Art, Life and Times, Princeton, 1979, p. 233-234). Son appropriation et sa subversion inédites de l’art du passé afin de créer ces mondes oniriques personnels sont, par ailleurs, une réponse à ce qu’il ressentait comme la monotonie croissante d’une grande partie de l’art moderne à Paris.
'My current aesthetic stems from the boredom I feel when faced with paintings that appear frozen on a motionless surface, far removed from human concerns. This third dimension, which is not the result of chiaroscuro, and these transparencies with their hidden recesses allow me to express myself with a certain degree of realism, mirroring my inner desires. When I lay the first stone, it is beneath my painting, not on top.' Francis Picabia
Painted in 1928, Myrte is an enchanting example of Francis Picabia’s famous Transparencies series, so named for their simultaneous depiction of multiple transparent images, theatrically layered in a way that evokes the effect of multiple-exposure photography. As early as 1924, the artist began experimenting with superimposition through the illusory cinematic techniques of his film Entr’acte, as well as in his Monsters and Spanish Women series. He used this technique to immerse the viewer in a hallucinatory, sensual dreamscape filled with overlapping bodies and converging silhouettes. In works like Myrte, rather than treating painting as a window to another world and standardizing the illusion at play, Picabia sought to ignite the imagination by creating a surreal entanglement of images that disrupts conventional interpretation. For the artist, this fascination with transparent layers of images was inspired by a revelation he experienced in a Marseille café, where the reflection of the interior appeared superimposed on the view outside the window (quoted in D. Ottinger, ed., Francis Picabia in the Collections of the Centre Georges Pompidou, Musée d’art Moderne, Paris, 2003, p. 71). Created during a period when the artist was living a hedonistic life in the south of France, these paintings have been interpreted as spiritual, disguised critiques of the lifestyle on the Côte d'Azur, contrasting the frivolous, modern reality of Mediterranean resorts with their elegant, classical past. For his Transparencies series, Picabia drew from a wide range of visual sources, using prints and reproductions of classical sculptures, Renaissance paintings, and Catalan frescoes to build his compositions. His son Lorenzo recalled that his father kept 'a chest full of art books in his studio', likely the source of many of these images (Lorenzo Everling, quoted in M. L. Borràs, Picabia, Paris, 1985, p. 340). By the late 1920s, ancient art had taken on a special significance in the Transparencies. Groups of classical sculptures often appear as the foundational imagery supporting the rest of the composition.
In Myrte, most of the depicted elements, as in much of Picabia’s work, are fragmented and scattered, derived from Botticelli’s paintings. Here, the Couronnement de la Vierge (Uffizi Gallery, Florence) served as Picabia’s source of inspiration.
As with many of Picabia’s Transparencies, one of the most striking features of Myrte is the play of disembodied hands weaving between and around the various layers of images. The outline of a hand is often positioned in such a way that it seems to caress one of the figures, while in some sections of the painting, the hands appear to directly engage with one of the pictorial elements.
These hands, a recurring motif in the Transparencies, not only suggest an eerie tactility, but also serve to connect the individual layers, often crossing the boundaries of multiple figures and intertwining with the composition. Their presence further deepens the visual mystery and complicates the relationships between the figures, disrupting our attempt to read this complex network of images. The hand in the bottom left is borrowed from Saint John’s hand in Botticelli’s Couronnement de la Vierge. The rays of light surrounding the Virgin are also reinterpreted by Picabia in this work.
As in many of Picabia’s Transparencies, Myrte seems to have been created following a personal code of imagery that only the artist could fully recognize and interpret. In fact, in the introduction to an exhibition of his works in December 1930, Picabia humorously stated that these paintings were expressions of 'inner desire', meant to be understood by him alone. Here, the sources of many of the figures remain a mystery to the viewer: their forms could just as easily come from a contemporary kitsch postcard as from a Renaissance masterpiece. Chosen for the mysterious effects of their juxtaposition, the superimposed images in Myrte combine to create an enigmatic and dreamlike subject. By removing his base materials from their original narrative and allegorical contexts, Picabia forces these figures into new, mysterious relationships. In doing so, he did not hesitate to reuse forms and figures already employed in previous works. Myrte, for example, repeats motifs seen in other Transparencies, such as Ligustri, Statices, Hera, Lunaris, and Villica-caja.
By creating a labyrinth of forms, Picabia blends the sacred and the profane, the ancient and the modern, generating a playful work that toys with the viewer’s eye. The dense layering of images frustrates any attempt to decipher and understand the fragments of imagery and narrative that fill the canvas.
The Transparencies represent a key moment in Picabia’s artistic evolution, allowing him, in his own words, to create a painting 'where all my instincts can run free' (Picabia, quoted in W. Camfield, Francis Picabia, His Art, Life and Times, Princeton, 1979, pp. 233-234). His unprecedented appropriation and subversion of past art to create these personal dreamlike worlds was, moreover, a response to what he saw as the growing monotony of much of modern art in Paris.
Peinte en 1928, Myrte constitue un exemple ensorcelant de la célèbre série des Transparences de Francis Picabia, œuvres ainsi nommées pour leur représentation simultanée de plusieurs images transparentes, superposées de manière théâtrale dans un effet rappelant la photographie à expositions multiples. Dès 1924, l’artiste expérimente la superposition à travers les techniques cinématographiques illusoires de son film de Entr’acte, ainsi que dans ses séries Monstres et Espagnoles. Il utilise alors cet effet pour plonger le spectateur dans une rêverie hallucinatoire et sensuelle emplie de corps superposés et de silhouettes convergentes. Dans ses tableaux comme Myrte, au lieu d’utiliser la peinture comme une fenêtre sur un autre monde et de normaliser l’illusionnisme en jeu, Picabia cherche à stimuler l’imagination en créant une imbrication surréaliste d’images confondant la lecture traditionnelle. Pour l'artiste, cette fascination pour la superposition d’images transparentes, vient d'une révélation vécue dans un café de Marseille où, sur la vitrine, le reflet de l’intérieur lui est apparu superposé à la vue extérieure (cité dans D. Ottinger, éd., Francis Picabia dans les collections du Centre Georges Pompidou, Musée d’art Moderne, Paris, 2003, p. 71). Créées alors que l’artiste mène une existence hédoniste dans le sud de la France, ces peintures ont été interprétées comme des critiques spirituelles et déguisées du mode de vie sur la Côte d’Azur, opposant la réalité frivole et moderne des lieux de villégiature de la Méditerranée à son passé élégant et classique.
Pour la série Transparences, Picabia puise dans une multitude de sources visuelles, utilisant des impressions et des reproductions de sculptures classiques, de peintures de la Renaissance et de fresques catalanes pour élaborer ses compositions. Son fils Lorenzo se souvient que son père possédait « un coffre plein de livres d’art dans son atelier », source probable de la majorité de ces images (Lorenzo Everling, cité dans M. L. Borràs, Picabia, Paris, 1985, p. 340). Vers la fin des années 1920, l’art de l’Antiquité prend une importance particulière dans les Transparences. Les groupes de sculptures classiques apparaissant souvent comme l’image de base soutenant le reste de la composition.
Dans Myrte, la plupart des éléments figurés dérivent comme bien souvent de tableaux de Botticelli, fragmentées et dispersées. Ici, c’est le Couronnement de la Vierge (Musée des Offices, Florences) qui inspire Picabia.
Comme souvent également, l’une des caractéristiques les plus frappantes de Myrte est le jeu des mains désincarnées qui se faufilent entre et autour des diverses couches d’images. Le contour d’une main est souvent placé de manière à donner l’impression qu’elle caresse l’une des figures, tandis que dans certaines sections du panneau, elles semblent s’adresser directement à l’un des éléments picturaux. Parmi les motifs les plus courants des Transparences, ces mains ne se contentent pas de suggérer une étrange tactilité, mais servent également à relier chacune des couches individuelles, en traversant souvent les limites de plusieurs figures et en se faufilant dans la composition. Leur présence ne fait qu’ajouter à l’énigme visuelle et complique les relations entre les figures individuelles, ce qui désarçonne notre lecture de ce réseau complexe d’images. La main en bas à gauche est reprise de la main de Saint Jean de Couronnement de la Vierge de Botticelli. Les rayons de lumières, nimbant la Vierge sont également réinterprétés par Picabia dans la présente œuvre.
Comme dans de nombreuses Transparences de Picabia, Myrte semble avoir été réalisé selon un code personnel d’imagerie que seul l’artiste peut reconnaître et interpréter. En effet, dans l’introduction d’une exposition de ses œuvres en décembre 1930, Picabia déclare avec un certain humour qu’il s’agit d’expressions de « désir intérieur », destinées à être lues par lui seul. Ici, les sources de nombreuses figures incluses dans la composition restent un mystère pour le spectateur : leurs formes peuvent tout aussi bien provenir d’une carte postale contemporaine et kitsch que d’un chef-d’œuvre de la Renaissance. Choisies pour les effets mystérieux de leur juxtaposition, les images superposées de Myrte se combinent pour créer un sujet énigmatique et onirique. En séparant ses matériaux de base de leurs contextes narratifs et allégoriques originaux, l’artiste force ces figures à entrer dans de nouvelles relations mystérieuses. Pour ce faire, Picabia n’hésite pas à reprendre des formes et figures déjà utilisées dans de précédents tableaux. Myrte reprend par exemple certains motifs répétés dans d’autre Transparences, comme Ligustri, Statices, Héra, Lunaris ou encore Villica-caja.
Grâce à la création d’un labyrinthe de formes, Picabia mélange le sacré et le profane, l’ancien et le nouveau, pour générer une œuvre espiègle qui joue avec l’œil du spectateur, la densité des images superposées déconcertant toute tentative de décortiquer et de comprendre les fragments d’images et de récits qui remplissent la toile.
Les Transparences représentent un moment clé dans la pratique de Picabia, en lui permettant selon ses propres déclarations d’avoir un tableau « où tous mes instincts puissent se donner libre cours » (Picabia, cité dans W. Camfield, Francis Picabia, His Art, Life and Times, Princeton, 1979, p. 233-234). Son appropriation et sa subversion inédites de l’art du passé afin de créer ces mondes oniriques personnels sont, par ailleurs, une réponse à ce qu’il ressentait comme la monotonie croissante d’une grande partie de l’art moderne à Paris.
'My current aesthetic stems from the boredom I feel when faced with paintings that appear frozen on a motionless surface, far removed from human concerns. This third dimension, which is not the result of chiaroscuro, and these transparencies with their hidden recesses allow me to express myself with a certain degree of realism, mirroring my inner desires. When I lay the first stone, it is beneath my painting, not on top.' Francis Picabia
Painted in 1928, Myrte is an enchanting example of Francis Picabia’s famous Transparencies series, so named for their simultaneous depiction of multiple transparent images, theatrically layered in a way that evokes the effect of multiple-exposure photography. As early as 1924, the artist began experimenting with superimposition through the illusory cinematic techniques of his film Entr’acte, as well as in his Monsters and Spanish Women series. He used this technique to immerse the viewer in a hallucinatory, sensual dreamscape filled with overlapping bodies and converging silhouettes. In works like Myrte, rather than treating painting as a window to another world and standardizing the illusion at play, Picabia sought to ignite the imagination by creating a surreal entanglement of images that disrupts conventional interpretation. For the artist, this fascination with transparent layers of images was inspired by a revelation he experienced in a Marseille café, where the reflection of the interior appeared superimposed on the view outside the window (quoted in D. Ottinger, ed., Francis Picabia in the Collections of the Centre Georges Pompidou, Musée d’art Moderne, Paris, 2003, p. 71). Created during a period when the artist was living a hedonistic life in the south of France, these paintings have been interpreted as spiritual, disguised critiques of the lifestyle on the Côte d'Azur, contrasting the frivolous, modern reality of Mediterranean resorts with their elegant, classical past. For his Transparencies series, Picabia drew from a wide range of visual sources, using prints and reproductions of classical sculptures, Renaissance paintings, and Catalan frescoes to build his compositions. His son Lorenzo recalled that his father kept 'a chest full of art books in his studio', likely the source of many of these images (Lorenzo Everling, quoted in M. L. Borràs, Picabia, Paris, 1985, p. 340). By the late 1920s, ancient art had taken on a special significance in the Transparencies. Groups of classical sculptures often appear as the foundational imagery supporting the rest of the composition.
In Myrte, most of the depicted elements, as in much of Picabia’s work, are fragmented and scattered, derived from Botticelli’s paintings. Here, the Couronnement de la Vierge (Uffizi Gallery, Florence) served as Picabia’s source of inspiration.
As with many of Picabia’s Transparencies, one of the most striking features of Myrte is the play of disembodied hands weaving between and around the various layers of images. The outline of a hand is often positioned in such a way that it seems to caress one of the figures, while in some sections of the painting, the hands appear to directly engage with one of the pictorial elements.
These hands, a recurring motif in the Transparencies, not only suggest an eerie tactility, but also serve to connect the individual layers, often crossing the boundaries of multiple figures and intertwining with the composition. Their presence further deepens the visual mystery and complicates the relationships between the figures, disrupting our attempt to read this complex network of images. The hand in the bottom left is borrowed from Saint John’s hand in Botticelli’s Couronnement de la Vierge. The rays of light surrounding the Virgin are also reinterpreted by Picabia in this work.
As in many of Picabia’s Transparencies, Myrte seems to have been created following a personal code of imagery that only the artist could fully recognize and interpret. In fact, in the introduction to an exhibition of his works in December 1930, Picabia humorously stated that these paintings were expressions of 'inner desire', meant to be understood by him alone. Here, the sources of many of the figures remain a mystery to the viewer: their forms could just as easily come from a contemporary kitsch postcard as from a Renaissance masterpiece. Chosen for the mysterious effects of their juxtaposition, the superimposed images in Myrte combine to create an enigmatic and dreamlike subject. By removing his base materials from their original narrative and allegorical contexts, Picabia forces these figures into new, mysterious relationships. In doing so, he did not hesitate to reuse forms and figures already employed in previous works. Myrte, for example, repeats motifs seen in other Transparencies, such as Ligustri, Statices, Hera, Lunaris, and Villica-caja.
By creating a labyrinth of forms, Picabia blends the sacred and the profane, the ancient and the modern, generating a playful work that toys with the viewer’s eye. The dense layering of images frustrates any attempt to decipher and understand the fragments of imagery and narrative that fill the canvas.
The Transparencies represent a key moment in Picabia’s artistic evolution, allowing him, in his own words, to create a painting 'where all my instincts can run free' (Picabia, quoted in W. Camfield, Francis Picabia, His Art, Life and Times, Princeton, 1979, pp. 233-234). His unprecedented appropriation and subversion of past art to create these personal dreamlike worlds was, moreover, a response to what he saw as the growing monotony of much of modern art in Paris.